Alors que sa mère plaide toujours son innocence, Zacarias Moussaoui, devenu son propre avocat, a transformé son procès en croisade contre les Etats-Unis et centre les «adorateurs du diable». Aïcha El-Wafi a tenu a déclarer dans un entretien diffusé dimanche sur CNN, que son fils était innocent, qu'il avait grandi dans l'amour de la culture américaine et que c'est seulement son arrestation en août dernier, dans le Minnesota, alors qu'il prenait des cours de pilotage, qui lui vaut cette haine pour les Etats-Unis. «Pour moi, ce n'est pas un assassin, car il m'a assuré qu'il n'avait rien fait» a-t-elle affirmé sur la chaîne américaine. «Quand il était jeune, il adorait les films américains et il portait tout le temps des vêtements de style américain», a continué Mme El-Wafi. «Je crois que c'est depuis qu'il est en prison et qu'il a souffert et qu'il est très malheureux que c'est un homme qui a beaucoup de colère», a-t-elle ajouté. Zacarias Moussaoui, jeune Français d'origine marocaine et seul inculpé dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 septembre, est incarcéré depuis août dernier dans l'Etat de Virginie après avoir éveillé les soupçons des autorités quant à son implication dans la préparation des attaques. Inculpé depuis décembre de six chefs d'accusation, dont quatre sont passibles de la peine de mort, il assure depuis le 13 juin sa propre défense. Agé de 33 ans, Moussaoui avait auparavant récusé à tour de rôle ses trois avocats commis d'office. L'un d'eux, un Français, a d'ailleurs récemment affirmé qu'il doutait de la santé mentale de son client. Me Franck Dunham a même estimé lors d'un entretien à Paris Match, que «laisser (Moussaoui) se défendre est le plus rapide voyage vers la mort». Lorsqu'elle lui a accordé le droit d'assurer sa défense, la juge américaine Leonie Brinkema avait assuré que Moussaoui était «pleinement compétent»: «Il n'y a aucune preuve de psychose ou de comportement étrange». Soupçonné d'être le 20ème pirate de l'air du 11 septembre, Moussaoui a aussi tenté la semaine dernière d'obtenir sa « libération immédiate», arguant que le FBI l'avait placé sous surveillance avant son arrestation. Requête rejetée par le parquet du tribunal d'Alexandria : «le gouvernement n'est pas au courant d'une telle opération de surveillance entre l'arrivée de l'accusé, le 23 février 2001, et son arrestation le 16 août». Lors de la même séance, l'inculpé s'était d'ailleurs lancé dans une série de requêtes fustigeant l'Amérique, sa justice, les Juifs, les Chrétiens et les autres «adorateurs du diable». Ses quinze requêtes manuscrites ont été rendues publiques lundi dernier. Moussaoui, diplômé d'une école de commerce britannique, ouvre chacune d'entre elles par la formule «Au nom d'Allah, moi, esclave d'Allah, Zacarias Moussaoui, ...» et signe en arabe, «Abou Ralid al-sahraoui». Il y explique qu'il n'a aucune confiance en ses avocats («une équipe de sangsues»), plus particulièrement «le dégoûtant juif zélote» Gerald Zelkin, «le croisé camouflé» ou «mégalomane» Franck Dunham, et le «raciste d'extrême droite» Ed Mcmahon. Tous «des adorateurs du diable. Souhaitant s'allouer les services d'un avocat musulman, il refuse tout examen, qualifiant la psychiatrie de «science juive obscène». Et demande que la juge Brinkema soit dessaisie du dossier : «cette juge est extrêmement cynique face au fait que je sois un Musulman fondamentaliste, ouvertement hostile aux Juifs et aux Etats-Unis», écrit-il avant d'ajouter : «que la malédiction d'Allah soit sur vous, juge Leonie Brinkema!».