Les dirigeants de l'Europe n'ont pas vraiment emboité le pas à l'Espagne. Malgré les pressions électorales de l'extrême droite en France, aux Pays-Bas, en Autriche ou encore au Danemark. Dur exercice auquel se sont livré les quinze à Séville. Comment doser au plus près des mesures communautaires visant à mettre un frein à l'immigration clandestine, et par là, à la montée des mouvements d'extrême droite, cancer dont la dernière métastase à été révélée en France, sans pour autant mettre à mal ce sacro-saint principe humanitaire, dont on fait l'accroche principale de l'image de l'Europe dans le monde ? Fallait-il suivre les yeux fermé l'offensive du chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, qui a pris son bâton de pèlerin pour rallier ses pairs à sa «cause» contre l'immigration, ou tempérer pour éviter que ne soient altérés les rapports de nombreux Etats européens avec leurs partenaires du Sud, qui se seraient ainsi retrouvés dans la ligne de tir en tant que pourvoyeurs de clandestins? Les dirigeants de l'Europe n'ont pas franchement franchi le pas. Malgré les pointes de l'extrême droite en France, aux Pays-Bas, en Autriche ou encore au Danemark, raison n'a pas tout à fait été donnée aux partisans de la ligne dure, menés par l'Espagne de José Maria Aznar. De sanctions économiques contre les pays d'origine de l'immigration illégale il ne sera pas question. On a opté plutôt pour ce que la déclaration finale du sommet a qualifié de «coopération avec les pays d'origine et de transit», pour gérer les flux de clandestins. En revanche, les quinze ont adopté un plan d'action contre l'immigration clandestine, assorti d'un calendrier d'application avec une série de mesures sur la gestion des flux migratoires, le contrôle des frontières extérieures de l'Union, l'harmonisation du droit d'asile et la coopération avec les pays d'origine des immigrés. Dans ce cadre, les Européens ont annoncé pour la fin de l'année des patrouilles communes sur les frontières extérieures de l'Union. Il est également prévu une « clause de gestion conjointe des flux migratoires » qui devra être insérée dans tous les accords conclus par l'Union européenne avec les pays tiers, qui devront « réadmettre » leurs ressortissants. Les Quinze procéderont aussi régulièrement à une «évaluation» des relations avec les pays tiers qui ne coopèrent pas. En attendant, les tenants du bâton devront le remiser pour le moment. Même si José Maria Aznar, entend le garder à porter de la main et soutient toujours que l'UE «se réservera le droit de prendre des mesures pour réagir aux conséquences» du refus de coopérer de pays d'origine ou de transit de l'immigration clandestine. Pour la plus grande satisfaction du chancelier allemand Gerhard Schröder qui aurait «souhaité plus concernant les sanctions». Il n'en sera rien. Pour le moment, les organisations de défense des droits de l'homme, et surtout les intérêts propres, ont eu le dessus.