Pour l'opérateur économique Adnane Debbagh, le discours royal comporte des directives générales qu'il appartient aux acteurs aussi bien politiques qu'économiques de les concrétiser sur le terrain. Entretien. ALM : Comment appréciez-vous l'approche économique contenue dans le discours royal? Adnane Debbagh : Il faut d'abord préciser que l'approche économique ne peut être séparé du politique. Car la gestion d'un pays est un tout. Le discours de SM le Roi se présente ainsi comme un programme global pour les cinq années à venir. Dans ce sens, la modernisation de l'action politique se présente ici comme levier indispensable du développement économique. La même priorité concerne l'aspect économique pour lequel le souverain a dressé une liste de directives générales qui se rapporte au souci régional, la question de l'investissement, l'approche sectorielle et le développement des infrastructures de base. La question qui se pose aujourd'hui, est comment traduire ces orientations sur le terrain. L'approche de la mondialisation politique et économique nécessite en effet des relais efficaces à même de donné un sens au projet de modernisation du pays, tel que défini par SM le Roi. Justement dans son discours, le Souverain a mis en équation la préservation des équilibres macro-économiques et la question sociale. Comment peut-on arriver à assurer cet équilibre ? À ce niveau, je pense qu'il n'y a pas de solution-miracle. Il faut travailler pour atteindre un taux de croissance supérieur à ceux qui sont enregistrés jusque-là. J'estime que le taux actuel de 3,2% reste largement insuffisant. Une croissance plus forte est le seul moyen pour créer des emplois. C'est cette croissance qui constitue le point de départ pour une politique sociale efficace qui doit s'atteler en priorité sur la problématique de la fracture sociale qui ne cesse de se creuser. Aujourd'hui, le gouvernement est devant ses responsabilités. C'est à lui qu'incombe la tâche de travailler pour tirer la croissance économique vers le haut. Le discours royal a également insisté sur la nécessité de créer un environnement propice à l'investissement… Je pense que cet environnement est en train de s'installer. Il reste évidemment des choses à parfaire, notamment en ce qui concerne la réforme de l'Administration ou encore au niveau de l'approche gouvernementale, particulièrement en ce qui concerne l'adoption de politiques sectorielles adéquates. Ceci étant, les entreprises doivent aussi s'impliquer davantage dans cette dynamique. Ceci est également valable pour leurs instances représentatives qui doivent orienter leur travail vers l'encouragement de l'investissement créateur de croissance. Car ce n'est pas en investissant sur des associations de quartiers qu'on va atteindre les objectifs escomptés. On ne peut pas se contenter de proposer un contrat-programme sans assurer le suivi nécessaire pour encourager la croissance et par la même, la création d'emplois. Les directives royales dans ce sens sont claires : elle mettent l'accent sur la régionalisation de l'investissement et sa modernisation. Force est de constater que la CGEM, en tant qu'instance représentative, ne fait rien de concret dans ce sens alors qu'on est confronté à des problèmes auxquels il faudrait apporter des réponses concerts. Prenant un seul exemple, celui de la masse salariale qui absorbe 13% du PIB national. Pourquoi on n'entend pas de protestations de la part de la CGEM sur ce sujet ? On parlant de la CGEM justement, quel rôle devrait jouer cette instance dans le cadre de la vision royale ? Je pense que la CGEM doit mener son action dans le sens de l'orientation contenue dans les directives royales : celle de la modernisation politique et économique du pays. Et pour atteindre cet objectif, il faudrait que cette instance joue son rôle de partenaire social au lieu de servir de relais de la politique gouvernementale. En clair, il faudrait que cette instance soit indépendante pour assumer pleinement son rôle de force de proposition et entamer les accompagnements qui s'imposent, à tous les niveaux. Il s'agit, entre autres, de celui de la mise à niveau, qui se fait aujourd'hui d'une manière catastrophique, celui de la régionalisation en œuvrant pour une véritable régionalisation de l'investissement. Cette redéfinition des priorités concerne également les partis politiques qui doivent travailler sur un programme d'action clair et efficace. Une exigence qui concerne enfin le gouvernement puisque c'est lui qui est comptable de la réalisation du projet économique national.