Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, le Président Abdelaziz Bouteflika réitère le refus de l'Algérie de toute solution politique au conflit artificiel provoqué autour de la question du Sahara marocain. La réponse algérienne à la main tendue par le Maroc n'a pas tardé. Elle est venue du sommet du pouvoir algérien, le Président Abdelaziz Bouteflika. Mais, la réponse n'a pas été transmise directement à qui de droit en l'occurrence le Maroc. Elle est allée atterrir chez le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Dans une lettre adressée à ce dernier, le chef de l'Etat algérien a tenu, encore une fois, à réorienter le sens de l'Histoire vers l'impasse. La missive du président algérien au secrétaire général de l'ONU, datée du 3 août, qui se veut une mise au point du gouvernement d'Alger sur la question du Sahara, s'est transformée en une prise de position à l'égard du Maroc et un message adressé au Royaume quant aux derniers développements dans les relations bilatérales maroco-algériennes. Ainsi, le Président Bouteflika a tenu à préciser que son pays considérait que la question du Sahara est une affaire de "décolonisation" et qu'elle ne concernait aucunement son pays. "L'Algérie continue de considérer la question du Sahara Occidental comme un problème de décolonisation, déjà pris en charge en tant que tel par les Nations Unies, et devant trouver son dénouement à travers l'exercice de son droit à l'autodétermination par le peuple sahraoui", affirme le chef de l'Etat algérien. Il s'agit-là, évidemment, d'une prise de position classique et d'une attitude qui n'apporte aucune nouveauté quant à ce dossier puisque le chef de la République algérienne ne fait que reproduire un discours stérile tenu par Alger durant les trente dernières années. Alors que la région est engagée dans une nouvelle dynamique qui a pour objectif de faire du Maghreb un espace de développement, de prospérité pour les peuples de la région et une source de paix et de sécurité pour ses voisins, le Président algérien tient à freiner ce nouvel élan en appelant à ce que le statu quo soit privilégié. "Il est fait état dans certains milieux, et avec insistance, de démarches, d'initiatives et de suggestions diverses en rapport avec la question du Sahara Occidental et avec le développement des relations algéro-marocaines", alerte le Président algérien. C'est dire que toute initiative visant à débloquer la situation d'impasse dans laquelle la région se trouve engouffrée depuis plus de trois décennies est considérée par Alger comme étant non avenue. Pas de créativité pour trouver une solution. Juste une situation de blocage qui dure et qui s'éternise. Tel est le message du Président Bouteflika. "M. Baker était parvenu à faire avancer sa solution jusqu'à présenter des suggestions unanimement approuvées par le Conseil de sécurité et que la bonne volonté des deux parties au conflit, le Maroc et le Front polisario, aurait pu transformer en règlement définitif", dit le chef de l'Etat algérien dans son message au haut responsable onusien. Bouteflika s'attelle ainsi à faire d'un plan considéré obsolète et inapplicable par la majorité des pays intéressés par le dossier, l'unique voie de solution. Une position qui révèle encore une fois les véritables intentions du pouvoir algérien à savoir la pérennisation de ce conflit artificiel. Aucune autre interprétation ne saurait expliquer l'obstination algérienne à emprunter la voie dite de Baker II tout en sachant qu'elle ne mène nulle part. Mieux encore, la lettre du Président Bouteflika porte en elle-même les preuves de la contradiction du discours algérien sur la question de l'intégrité territoriale du Maroc. "L'Algérie n'ayant pas une part directe à ce conflit et, comme je l'ai réaffirmé plus haut, l'Algérie ne se comportant à ce sujet que comme un membre des Nations Unies, soucieux du respect et de l'application des principes de la Charte des Nations Unies", affirme le Président algérien. Cela signifie, dans le langage diplomatique, que l'Algérie ne prend aucune position quant à la solution qui pourrait être envisagée par les parties, par l'Organisation internationale ou même proposée par des pays amis dans le cadre d'une médiation internationale. En deux mots : Alger veut faire croire à une neutralité absolue en ce qui concerne la question du Sahara. Or, hormis le fait que nul n'ignore qu'elle est partie prenante au conflit, le président Bouteflika le réaffirme dans la même lettre où il plaide la neutralité. "Ce conflit mettant en cause le peuple sahraoui et la puissance occupante, c'est-à-dire le Maroc, tout règlement doit nécessairement intervenir par accord entre ces deux parties", souligne-t-il dans sa lettre. Ce qui signifie en termes clairs que le pouvoir algérien considère le Maroc comme une force occupante du Sahara ce qui contredit le discours de l'impartialité et de la neutralité. Car, aux yeux de l'organisation des Nations Unies, le Maroc n'a jamais été considéré comme une force d'occupation du Sahara. D'ailleurs, aucun texte onusien ne s'est jamais référé au Royaume comme étant un pays colonisateur du Sahara. De quel attachement à la légalité internationale parle donc le Président de la République algérienne ? Mais, les contradictions du message algérien ne s'arrêtent pas à cet aspect juridique. Car, après ce développement absurde sur la légalité internationale, le Président algérien tient à rassurer le secrétaire général des Nations Unies sur ses bonnes intentions à l'égard du Maroc et sa volonté de développer de bonnes relations avec le Royaume. "En ce qui concerne les relations bilatérales entre l'Algérie et le Maroc, je puis vous assurer une fois encore, d'abord de notre volonté sincère de les développer et de les élargir le plus possible, ensuite de ce que nous n'opposons aucune condition préalable à ce développement", explique le Président de la République algérienne. Outre l'étonnement que peut produire le fait que Bouteflika se soit trompé d'adresse puisque, revêtant un caractère bilatéral, son message aurait dû être expédié à Rabat, il est évident que le pouvoir algérien ne cherche aucunement à ouvrir une nouvelle page avec le Maroc. En somme, il est signifié à tous ceux qui ont cru à l'existence d'une nouvelle vision chez le voisin algérien qu'ils ont eu tort. Alger ne regarde pas vers l'avenir. Elle ne croit pas, non plus, en la possibilité de bâtir avec ses voisins ce rêve du grand Maghreb arabe uni tant caressé par les peuples de la région. Rien n'a encore changé dans la politique algérienne, qui demeure attachée à une approche géostratégique archaïque et à des idées obsolètes datant d'un autre siècle. L'avenir attendra.