Intervenant lundi au Moussem culturel international d'Assilah, le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération a plaidé pour des «relations stratégiques de partenariat» entre l'Espagne et le Maroc. Concernant la question du Sahara, il a appelé à une solution politique, «qui devrait stabiliser l'Afrique du Nord». La lune de miel entre le Maroc et l'Espagne se poursuit. Présent à Assilah pour participer à un colloque intitulé «Europe élargie et coopération euro-méditerranéenne, quel avenir ?», le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a été accueilli par le public dans la salle des conférence du Centre Hassan II par une ovation de plusieurs minutes. Il ne faisait de doute pour personne qu'il était la star du 26ème Moussem culturel international d'Assilah. Ses déclarations ont conforté les assistants dans ce qu'ils considèrent comme un tournant dans les relations entre les deux pays. L'Espagne veut établir des «relations stratégiques de partenariat» avec le Maroc, a affirmé M. Moratinos. Il a ajouté que «les Rois Mohammed VI et Juan Carlos ont la volonté de renforcer les relations d'amitié et de coopération entre les deux pays». Dans le discours prononcé à l'occasion de la Fête du Trône, S.M le Roi Mohammed VI avait affirmé qu'il était «déterminé à ouvrir une nouvelle page» dans les relations avec l'Espagne. La même préoccupation est partagée par le chef de la diplomatie espagnole. «L'Espagne est de retour au Maroc et elle veut établir des relations stratégiques de partenariat soudées sur de grands enjeux», a déclaré M. Moratinos. L'un de ses grands enjeux concerne justement la décision du Maroc et de l'Espagne, annoncée le 27 juillet, d'envoyer un contingent commun à Haïti. Et ce dans le cadre de la mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustha). M. Moratinos a ensuite loué le rôle de la ville d'Assilah, «la porte culturelle du Maroc en direction de l'Europe». Il a aussi expliqué la valeur affective que revêt pour lui notre pays. Il a confié qu'il a quitté le Maroc, il y a 17 ans, alors qu'il était conseiller à l'ambassade de l'Espagne à Rabat et qu'il y revient, aujourd'hui, en tant que ministre des Affaires étrangères. Il a ajouté : «le Maroc a toujours habité ma pensée et mon existence: je n'y ai jamais renoncé. Et j'ai travaillé et je travaille encore en vue de consolider les relations entre les deux pays». Le Sahara n'a pas été abordé par le ministre espagnol, mais il faut garder à l'esprit qu'il a été le premier à donner un signe fort de ce que certains observateurs ont appelé «le changement de la politique espagnole concernant le dossier du Sahara». Dans un entretien au quotidien EL Mundo, M. Moratinos avait affirmé qu'un référendum au Sahara «sans une solution politique pourrait nous conduire vers une situation de crise généralisée en Afrique du Nord». Il a estimé que «la solution politique est celle qui devrait stabiliser l'Afrique du Nord». C'était le premier coup de semonce pour alerter que le référendum ne constituait plus la solution indiquée pour résoudre le conflit du Sahara.