Le septième sommet de l'Union maghrébine arabe vient d'être reporté sine die. Le cérémonial destiné à la consommation politique intérieure, en Algérie, n'aura pas lieu ces 21 et 22 juin. Elle est paralysée depuis une douzaine d'années et n'a pratiquement plus de chance de sortir de son état pathologique. Ses problèmes sont tellement graves qu'elle se doit de faire une vraie pause pour redémarrer sur de bonnes assises. Crée le 17 février 1989, à Marrakech, soit quelques semaines avant l'effondrement du mur de Berlin, l'Union du Maghreb arabe (UMA) aurait pu constituer une lance de frappe pour ses peuples et ses forces vives. Des forces dont certains membres fondateurs avaient participé en 1958 à la Conférence de Tanger consacrée à l'unité du Maghreb. Trente ans après cette date, précisément le 10 juin 1988, l'idée de cette union maghrébine a «re-pris» son chemin et fut lancée par les chefs d'Etat de ces cinq pays, réunis à Zéralda près d'Alger, en l'occurrence, Feu S.M. Hassan II, l'ancien président Chadli Benjeddid, les présidents Zine El Abidine Ben Ali, Ould Taye et Mouâmmar El-Kaddafi. Selon ses membres fondateurs l'UMA avait pour objet la construction d'un grand Maghreb se manifestant notamment par des projets de coopération économique et environnementale, la création d'un grand marché et des institutions communes. Mais comme tous les grands projets qui restent entre les seuls mains des gouvernants, ce projet n'a pu aboutir. Et pour cause ! Il est inadmissible que des Etats entament, entre eux, de manière volontaire et délibérée, un processus d'unification par le haut, mais, tout en sabordant ce même projet, par le bas. Le monde arabe, nous apprend l'histoire récente, a connu plusieurs tentatives d'unité et d'unification qui ont toutes échoué. Justement parce qu'elles se sont fait dans la précipitation et le manque de maturité, d'une part, et en raison de leur caractère autocratique tenant rarement en compte les aspirations des masses. L'histoire nous apprend que les blocs régionaux ne se fondent jamais sur des attitudes volontaristes et par le haut. Le cas de l'Europe se passe de toute interprétation ou commentaire. Dans le cas du Maghreb, les péchés originels sont nombreux, mais ont tous un dénominateur en commun, une donne constante qui n'est autre que la question démocratique. En termes plus simples, tant que les peuples ne sont pas maîtres de leur destin, comme c'est le cas en Algérie, l'unité, du moins, entre ces deux pays sera toujours tributaire du bon vouloir d'une caste qui gouverne le pays par le sang, la ruse et l'épuration politique. Il va de soi, alors, que le Maroc, à son plus haut niveau, n'assiste pas au septième sommet d'Alger prévu pour les 21 et 22 du mois courant. Un sommet « reporté sine die in extremis». Car, une telle initiative ne saurait faire un unique moyen de consommation politique interne, pour les dirigeants, comme c'est le cas en Algérie qui traverse depuis plus d'une décennie une phase de crise organique où une partie de l'Etat détermine tous le sort de la population. Et même en faisant laissant de côté ce volet pour des raisons d'Etats, il demeure inadmissible pour le Maroc d'assister à une réunion dite d'union maghrébine, alors que ses voisins ne laissent aucune occasion passer sans plaider pour la partition de son territoire. Des voisins, qui au nom de «la solution globale» continuent à fermer les frontières entre les deux pays et à soutenir le séparatisme dans la région. Une attitude «normale» pour une junte qui assassine un chef d'Etat et fait noyer le pays dans un bain de sang et une spirale d'émeutes.