Près de 220 milliards de dirhams. C'est le coût de l'investissement global que nécessitera la mise en œuvre du Plan national de l'eau (PNE). Au ministère délégué chargé de l'eau, on souligne que le PNE est le document de référence pour définir les priorités des actions à engager à l'horizon 2030 en vue de permettre de satisfaire la demande en eau des populations et accompagner le développement socio-économique exprimé par les stratégies et les plans de développement sectoriels et protéger les populations des aléas des inondations et des sécheresses. Le PNE est fondé sur trois piliers, à savoir la gestion de la demande et la valorisation, le développement de l'offre ainsi que la préservation des ressources. En effet, dans le domaine de l'eau potable, en plus des objectifs de généralisation de l'accès à l'eau potable, le PNE vise l'amélioration des rendements des réseaux de distribution d'eau potable. Dans le domaine agricole, le plan propose la reconversion à l'irrigation localisée de près de 50.000 hectares à l'horizon 2030. En ce qui concerne le développement de l'offre, le ministère de tutelle a pensé à de nouvelles solutions. Et ce, à travers la poursuite de la mobilisation des eaux de surface par les barrages (3 grands barrages/an), la mise en valeur locale des eaux de surface par le biais des petits barrages, le recours aux ressources en eau non conventionnelles, notamment le dessalement de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées. Pour le troisième pilier, la préservation des ressources passe d'abord par la préservation de la qualité des ressources en eau et la lutte contre la pollution, la protection et la gestion durable des eaux souterraines, l'aménagement et la protection des bassins versants et la sauvegarde et la préservation des zones sensibles, notamment les zones humides et les oasis. Dans le cadre de l'adaptation aux changements climatiques et pour une meilleure maîtrise des phénomènes extrêmes, le PNE propose des actions pour la protection contre les inondations et la lutte contre les effets de la sécheresse. Le PNE suggère également la poursuite des réformes règlementaires et institutionnelles, la révision de la loi sur l'eau 10-95 et son harmonisation avec les lois qui lui sont connexes. En effet, et depuis janvier dernier, le ministère délégué chargé de l'eau a lancé des concertations au niveau régional sur la révision de la loi 10-95 relative à l'eau sous le thème «Une législation de l'eau adéquate pour une bonne gouvernance des ressources en eau». Ces concertations s'inscrivent dans le cadre de l'approche participative prônée par le ministère dans la gestion du secteur de l'eau, et plus particulièrement en ce qui concerne l'amélioration du cadre législatif et réglementaire. Elles constituent l'occasion de réunir autour d'une même table les différents acteurs de la société civile œuvrant dans le domaine de l'eau, les représentants du tissu industriel, touristique et agricole relevant de chaque bassin hydraulique, en plus des représentants du ministère de tutelle. L'objectif étant de se rapprocher de ces intervenants, de les impliquer dans ce chantier de révision de ladite loi et de se concerter avec eux dans la perspective de préparer un projet de loi, approuvé par le plus grand nombre des parties prenantes et susceptible d'accompagner l'évolution qui s'opère actuellement dans le domaine de la planification et de la gestion des ressources en eau, tant au niveau national qu'international, selon le ministère. La révision de la loi 10-95 sur l'eau, qui a constitué lors de son adoption en 1995 un tournant décisif dans la politique hydrique du Maroc, vise, entre autres, à éclaircir certaines de ses dispositions en les rendant plus cohérentes et à les compléter par de nouvelles dispositions. Celles-ci se rapportent en particulier à l'amélioration des conditions de l'utilisation du domaine public hydraulique, aux contrats de nappes, au stockage et à la gestion des eaux pluviales, aux conditions de dessalement de l'eau de mer, au rejet des eaux usées dans la mer et à leur réutilisation, ainsi qu'au perfectionnement de la gestion des risques liés à l'eau, notamment la rareté de l'eau, la sécheresse et les inondations. En outre, cette révision vise à reformuler les missions et le mode de fonctionnement du Conseil supérieur de l'eau et du climat ainsi que des agences de bassins hydrauliques.