Deux judokas marocains prendront part aux J.O. d'Athènes, Adil Belgaïd et Younes Ahmadi en l'occurrence. El Arabi El Jamali, DTN de judo évalue leurs chances et revient sur leur parcours qualificatif. Entretien. ALM : Comment se déroulent les préparatifs des judokas marocains en perspective des Jeux Olympiques d'Athènes ? El Arabi El Jamali : Avant de parler de préparatifs, il faudrait évoquer le parcours qualificatif au terme duquel deux judokas marocains ont décroché leur billet de qualification aux Jeux Olympiques. Il s'agit de Adil Benlgaïd (- 85 kg) et Younès Ahmadi (- 60 kg). Les qualifications ont commencé en 2002 lors des championnats d'Afrique qui se sont déroulés en Egypte et se sont terminés en mai dernier à l'occasion de la même compétition, qui a eu lieu cette fois-ci en Tunisie. A ceci s'ajoutent différents tournois internationaux qui permettent aux judokas de réunir le maximum de points. Il faut savoir que les Marocains se lancent dans ce parcours de qualification avec un handicap de taille, celui de leur absence des Jeux Africains, que notre pays boycottent pour des raisons que tout le monde connaît. Et c'est justement à ce genre de compétition continentale que le maximum de points qualificatifs est glané. Les judokas qui ont réussi la qualification ont donc commencé automatiquement leurs préparatifs pour le tournoi olympique qui débutera le 14 août et se clôtura le 20 du même mois, à raison d'une catégorie par jour. Le tirage au sort des différentes catégories aura lieu le 12 août. Comment évaluez-vous les chances des judokas nationaux à Athènes ? Le Maroc est représenté par deux judokas uniquement. Ils partent à Athènes bien évidemment pour défendre les couleurs nationales du mieux qu'ils le peuvent et dépasser le stade du premier tour que les judokas nationaux n'ont jamais dépassé dans l'Histoire de la participation marocaine aux J.O. Ces ambitions ne nous empêchent pas de garder la tête sur les épaules. Vous savez, longtemps à l'avance, on connaît les judokas qui peuvent prétendre à une médaille olympique. Ces « médaillés » sont remarqués par leur comportement tout au long des mois qui précèdent les Jeux Olympiques. Même au niveau africain, les éléments de l'équipe nationale ont trouvé beaucoup de mal à décrocher une médaille d'or. Vous pouvez facilement imaginer que la concurrence sera encore plus rude au tournoi olympique. Ceci dit, nous sommes très bien préparés pour représenter notre pays et le continent africain de la plus belle manière. A quoi est dû le nombre très limité des qualifiés marocains aux J.O. ? Ce n'est que le résultat de la situation catastrophique que vit le judo marocain. Une situation due essentiellement au manque des moyens matériels et financiers. La Fédération royale marocaine de judo (FRMJ) puise ses ressources entièrement de l'aide de réserve du département ministériel de tutelle. Comment voulez-vous avec un budget très limité préparer des athlètes, soigner la relève et leur permettre à tous de participer à des tournois continentaux ou internationaux qui puissent leur donner l'expérience nécessaire pour percer à l'international. Lors des derniers championnats d'Afrique juniors qui se sont tenus en Ile Maurice, nous avons en tout le mal du monde à faire participer tous nos brillants éléments à cause du manque de moyens. Aucun sponsor ne s'intéresse à cette discipline, et ce n'est pas faute de les avoir sollicités. Lors du dernier tournoi international de Casablanca, dont la création avait pour principal objectif de permettre aux nationaux de glaner le maximum de points qualificatifs aux J.O. à domicile, nous avons contacté la Royal Air Maroc pour une éventuelle aide aux transports des participants. Notre requête n'a même pas été entendue. Avec tous ces problèmes, les éléments les plus brillants préfèrent plier bagage et partir à l'étranger ou quittent le judo tout simplement. Qu'en est-il de la présence féminine ? Le quota réservé au continent africain par la Fédération internationale de judo est de trois judokas par catégorie chez les hommes et deux chez les dames, sachant qu'il y a sept catégories au judo. Chez les hommes, deux judokas uniquement ont réussi leur qualification. Avec la concurrence féroce des Algériennes, Egyptiennes et Tunisiennes, les Marocaines n'ont pas réussi à réunir un nombre suffisant de points à même de leur ouvrir le chemin des Jeux Olympiques. Les derniers mois ont été marqués par une polémique entre vous et Adil Belgaïd qui vous accusait de lui barrer le chemin d'Athènes. Où en est cette affaire? Je préfère ne pas revenir sur cette affaire. Je n'ai rien contre Adil Belgaïd et mon seul souci était de permettre à un jeune judoka prometteur de percer à l'international. Je n'ai fait qu'utiliser mon droit de sélection en tant que DTN. Je ne gère pas des noms mais des athlètes. Actuellement, Adil Belgaïd a réussi de décrocher son billet olympique. Laissons-le se préparer dans la sérénité et souhaitons-lui bonne chance.