Ahmed Rih, membre de la Commission administrative de l'USFP et candidat malheureux de ce parti à la présidence de la ville de Rabat, tire à boulets rouges sur l'Istiqlal. Entretien. ALM : Comment expliquez-vous l'échec de l'USFP dans les six grandes villes du Maroc ? Ahmed Rih : Pour les grandes villes que nous avons perdues, il y a lieu de signaler que cela est dû aux difficultés se dressant devant les alliances entre les membres des rangs démocratiques, et le résultat de coalitions contre nature, souvent soutenues par des forces occultes. A Rabat et dans d'autres villes du Royaume, les citoyens nous ont érigés au premier rang. Des cas pareils dans des pays démocratiques auraient abouti à des alliances autour de la première force politique issue des élections, mais dans notre pays, cela ne s'est pas produit de cette manière. Les adversaires de la démocratie et de l'USFP ont voulu nous évincer de cette ville connue, traditionnellement, pour son adhésion à notre projet de société. Est-ce que cela justifie les tractations qui ont eu lieu le 22 septembre ? A Rabat, parmi les 16 partis qui se partagent l'espace communal, 14 se sont alignés derrière Omar Bahraoui; sachant qu'il s'agit d'une personne dépourvue de racines politiques et qui traîne derrière lui une mauvaise expérience de gestion locale. Mais, comment a-t-il pu avoir à ses cotés, 14 formations partisanes? Il s'agit assurément d'un phénomène devant faire partie des préoccupations de la sociologie politique. Personnellement, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une démarche individuelle. Car, il m'est très difficile de comprendre les raisons qui ont incité le Congrès national ittihadi, l'Istiqlal, le PSD, le FFD, la Mouvance populaire, quelques élus du PPS et autres formations politiques à voter en faveur de M. Bahraoui. Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ? A la fin de la séance du 22 septembre, le président a annoncé, de manière illégale, la clôture des travaux de la session, et arrêté une date à la poursuite de la réunion, chose que nous avons contestée et qui a fait l'objet d'une lettre adressée aux autorités compétentes. Finalement, un report a eu lieu suite à notre demande. Cela dit, nous sommes devant un choix : soit réagir de manière négative à l'égard de ce qui s'est produit, soit répondre à la volonté des citoyens qui ont réitéré leur confiance en notre parti. Bien entendu, nous considérons qu'en politique, il est inadmissible de procéder à la chaise vide et d'appeler à la fermeture des perspectives. Jusqu'à présent, nous poursuivons nos efforts pour convaincre nos partenaires dans le bloc démocratique, notamment le Parti de l'Istiqlal, à reprendre la place qui leur revient naturellement. Nous avons encore la bataille des arrondissements et nous estimons qu'il y a toujours un moyen de briser cette coalition d'intérêt qui considère l'USFP comme un facteur de blocage menaçant ses convoitises. Comment évaluez-vous la position de l'Istiqlal à votre égard ? La position de l'Istiqlal n'a d'explication objective que de vouloir saper la présence de l'USFP à Rabat. Mais, la vie continue. Nous n'agissons jamais en fonction des réactions des autres et nous estimons qu'il est de notre devoir de poursuivre le dialogue avec ce parti, pour le bien du pays et de la ville de Rabat. Nous disons aux Istiqlaliens que l'avenir est de notre côté et que ce qui se passe aujourd'hui est éphémère et étroitement lié à un partage du butin. Nous disposons d'un programme et d'une stratégie d'action pour cette ville et nous appelons à de profondes discussions avec nos partenaires sur la base de ce projet. Mais, la Koutla n'existe plus dans la réalité. Qu'en dites-vous ? Cela est vrai si l'on tient compte uniquement des tractations qui ont eu lieu lors des dernières élections. Aussi, au vu des dérapages observés, tout effort de création d'un nouveau cadre d'action est légitime. Car, il est inadmissible que la situation reste figée. Nous avons besoin d'un repositionnement à même d'ouvrir de nouvelles perspectives. Maintenant, plus que jamais, les forces anti-démocratiques et le Parti clandestin agissent pour freiner le développement de la société. Les positions dociles du PJD et ses actes de bonne conduite, depuis le 16 mai, vont dans ce sens. Partout, ce dernier ne posait qu'une seule condition qui consiste en la mise à l'écart de l'USFP des sphères de décision.