Dans plusieurs communes, les partis de la Koutla, l'USFP, l'Istiqlal et le PPS se sont livrés des batailles sans merci. Les élections communales ont porté un coup dur à la cohésion de la majorité gouvernementale, dont la Koutla est le noyau dur. La Koutla a-t-elle fonctionné convenablement à l'occasion des élections communales? Les élections communales ont-elles sonné le glas de la majorité gouvernementale? Des questions qui taraudent les esprits de bon nombre d'observateurs. La Koutla, un groupement qui comptait initialement quatre partis politiques, n'est aujourd'hui composé que de trois formations: l'Istiqlal, l'USFP et le PPS. L'OADP a disparu, cédant la place à la Gauche Socialiste Unifiée (GSU) qui a pris ses distances par rapport à la Koutla. La réponse à la question de départ nécessite une analyse du comportement des partis politiques de la Koutla lors des préparatifs des élections. Ainsi, aucune concertation n'a eu lieu entre l'USFP, le PI et le PPS pour proposer un candidat commun (pour les circonscriptions où le scrutin uninominal sera appliqué) ou une liste commune (pour les circonscriptions de plus de 25.000 habitants). Bon nombre d'élus de la Koutla se sont retrouvés face à des concurrents de cette même Koutla. Les responsables des trois partis affirmaient, à l'époque, que l'alliance fonctionnera "à merveille" après l'annonce des résultats, c'est-à-dire lors de l'élection des présidents des conseils communaux. Les élections du 12 septembre ont réservé à la Koutla une place de choix. Avec environ 2,5 millions de voix en leur faveur, l'Istiqlal, l'USFP et le PPS ont décroché 37% des sièges. Leur score est, de loin, mieux que celui des trois partis de la mouvance populaire qui s'est adjugée 1,5 million de voix, soit 22,5% des sièges. En théorie, ces chiffres devraient se refléter sur le terrain. Mais dans les faits, la guerre intestine au sein de la Koutla n'a fait que s'accentuer. C'est dans les grandes villes que ces antagonismes furent les plus visibles. En fait, c'est à Rabat que la Koutla a prouvé qu'elle n'existait que dans l'esprit de ses concepteurs. L'Istiqlal a carrément refusé de voter pour le candidat de l'USFP, Ahmed Rih. Ils ont préféré soutenir Omar Bahraoui du MP. Trois des quatre élus du PPS ont même voté contre Rih. Dans la capitale du Royaume, la Koutla s'est disloquée au grand jour. Pourtant, les trois partis de la Koutla disposaient de 35 sièges. Un candidat unique pouvait remporter la présidence sans aucune difficulté. A Casablanca, les choses n'étaient pas meilleures. L'Istiqlal, l'USFP et le PPS disposaient de 42 sièges sur les 131 que compte la commune urbaine. Les deux principaux prétendants n'étaient autres que deux ministres. L'un de l'Istiqlal, Karim Ghellab et l'autre de l'USFP, Khalid Alioua. A l'heure où nous mettons sous presse, personne ne pouvait affirmer, avec exactitude, la nature des alliances en place. Tantôt on disait que Mohamed Sajid (UC) soutenait Ghellab, tantôt que Alioua allait renoncer à présenter sa candidature de la présidence. Les informations se succédaient, mais ne se ressemblaient pas. En outre, à Fès, une bataille sans merci a été livrée entre l'USFP et l'Istiqlal. Ce dernier a présenté à la présidence, Hamid Chabat. Mais ce dernier a été catégoriquement rejeté par les Usfpéistes qui sont allés chercher le soutien d'autres partis politiques, notamment le PJD. A Tanger, également les mêmes scénarios se sont reproduits. Dahmane Derham, président du conseil communal a été élu, hier, sous l'étiquette de SAP, alors que pour les élections du 12 septembre, il s'était présenté sous la couleur du PPS. Sa candidature a été soutenue par le PI et l'USFP, alors que son opposant était du PPS. Maintenant qu'il est devenu président, Dahmane Derham, compte rejoindre le MNP. Un véritable méli-mélo. En fait, la dislocation de la Koutla s'explique tout d'abord par le manque de concertation préalable entre les différents chefs des partis politiques, bien que le président du RNI (qui ne fait pas partie de la Koutla) ait tenté de serrer les rangs de la majorité gouvernementale. En outre, les consignes de vote sont rarement respectées par les élus. Cela pose le problème du choix des candidats. Les accréditations sont délivrées à l'aveuglette. Les partis politiques sont en train de le payer aujourd'hui. Par ailleurs, au-delà du cercle restreint de la Koutla, certains se demandent ce qui peut bien rassembler des partis comme l'Istiqlal, l'USFP, le RNI et le MP dans un même gouvernement. A plusieurs reprises, des élus du RNI ont voté contre les candidats de cette majorité gouvernementale. Par ailleurs, le MP a bénéficié du soutien du PJD dans plusieurs grandes villes, comme Rabat, Salé et Oujda. Bref, un toilettage politique est devenu nécessaire maintenant que toutes les cartes sont dévoilées.