Les aides agricoles accordées aux nouveaux membres de l'Union européenne divisent toujours les quinze. Cette question a été au menu de la réunion des ministres des Affaires Etrangères à Luxembourg. Les ministres des Affaires Etrangères de l'Union Européenne (UE) se sont penché hier à Luxembourg, sur l'épineuse question des aides agricoles à accorder aux nouveaux membres de l'Union après 2004. Si onze des pays de l'UE passent pour être favorables à ces aides, quatre, en l'occurrence l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède et les Pays-Bas, ont montré de grandes réserves à leur sujet. Le premier groupe met en avant «l'attente forte des pays candidats», qui fondent de grands espoirs d'être traités aussi vite que possible sur un pied d'égalité avec les actuels Etats membres. Dans le second camp, on met en garde contre le risque pour l'ue d'obérer avant l'heure toute réforme de la politique agricole commune (PAC) et de s'engager dans une logique budgétaire suicidaire en promettant aux pays candidats des aides agricoles qui n'étaient même pas prévues à l'origine. Un diplomate, cité par un média occidental, a estimé, à cet égard, «peu vraisemblable» qu'un compromis puisse émerger entre les deux camps et prévoit, d'ores et déjà, que la présidence danoise de l'UE, qui prendra le 1er juillet le relais des espagnols, hérite de ce « dossier empoisonné». Quoiqu'il en soit, la réponse apportée par les quinze aura, de l'avis général, une incidence décisive sur le débat lié à la révision de la PAC qui absorbe plus de 40% des dépenses communautaires et dont la France est actuellement la principale bénéficiaire. La Commission Européenne, l'exécutif permanent de l'UE, avait suggéré, le 30 janvier dernier, de budgétiser à hauteur de plusieurs milliards d'euros des "aides directes progressives" destinées à soutenir les revenus des agriculteurs des pays adhérents. Ces aides ne représenteraient d'abord que 25% de ce que perçoivent les paysans des quinze, pour atteindre 100% en 2013. Selon le calendrier initial des négociations d'élargissement, un accord sur cette question devrait être entériné lors du sommet européen de Séville, les 21 et 22 juin. Si tel n'est pas le cas, le processus de négociations entre les quinze et les pays candidats risque de prendre plusieurs mois de retard, alors que l'UE s'est fixé le sommet européen de Copenhague, à la fin 2002 comme date butoir pour boucler ses discussions avec des postulants.