Malgré la médiation du ministre de l'intérieur et de son collègue des Finances pour désamorcer la crise au port de Tan-Tan, la grève se poursuit toujours à l'OMP sur fond de manœuvres dans des eaux apparemment très troubles. Le port de Tan Tan est toujours bloqué par la grève des marins et des officiers de l'OMP (omnium marocain de pêche). Le patron de cette entreprise, Mohamed Laraki, ne comprend pas la poursuite de ce mouvement qui tourne au psychodrame. En effet, le ministre de l'Intérieur Driss Jettou a convoqué sous ses auspices, vendredi 7 juin au siège de son ministère, une réunion pour désamorcer la crise. Étaient présents le ministre de tutelle Saïd Chbaâtou, l'argentier du Royaume Fathallah Oualalou, le président de l'OMP Mohamed Laraki et le conseiller du Premier ministre Mohamed Rami. À l'issue de cette rencontre de médiation, M. Laraki a obtenu le droit de débarquement des marins qui ne sont pas présentés à l'appareillage, le 30 mai dernier, en réitérant son engagement à payer les salaires et les primes de rendement. De son côté, Saïd Chbâtou a promis la levée de la grève. Après ces résultats positifs, les choses devraient normalement rentrer dans l'ordre. Au lieu de cela, les choses se sont envenimées davantage. Le secrétaire général du SNOMPH (syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière), Abderrahmane El Yazidi, a débarqué, dimanche 9 juin, au port de Tan Tan où il a tenu un meeting syndical -sans demander au préalable l'aval des autorités locales- pour inciter les grévistes à prolonger leur mouvement. Résultat : le personnel marin ne s'est pas présenté comme convenu pour toucher son solde de tout compte et les engagements pris par le ministre se sont fracassés sur les récifs d'une mer apparemment très trouble. Le statu quo donc continue sur fond de manœuvres en haute mer. Preuve que cette situation manque de limpidité, la lettre datée du 5 juin adressée par le secrétaire général du ministère de la Pêche, Tijani Rhanmi, au président de l'OMP. Il s'agit en fait d'une copie de la lettre que le ministère a “adressée au secrétaire général (du SNOMPH) pour lui faire part que le ministère estime qu'il n'y a plus de motif valable pour le maintien de la grève au port de Tan-Tan“. Dans cette correspondance, M. Chbaâtou a rappelé, en effet, au patron du syndicat que l'association des opérateurs économiques de Tan-tan s'est engagée au nom des sociétés membres de pêche hauturière “d'appliquer les mêmes décisions qui résulteront des négociations en cours à Agadir“. Pourquoi le ministre a-t-il attendu longtemps pour apprendre au syndicaliste manipulé ou manipulateur “qu'il n'y a plus de motif valable pour le maintien de l'arrêt de la flotte de pêche“ à Tan-Tan ? Faut-il aussi rappeler que le passage du ministre sur 2M au sujet de ce problème, dimanche 2 juin ,n'a eu pour effet, que le prolongement du mouvement de grève ? Une grève, à tout point de vue, obscure. Car des employés de l'OMP, mandatés par l'ensemble de leurs collègues de l'entreprise, ont fait une déclaration sur l'honneur selon laquelle “ils n'appartiennent à aucun syndicat et n'agissent pour le compte d'aucun syndicat“. Ces représentants des marins et des officiers regrettent les « agissements irresponsables qui ont conduit à la situation grave“ qui prévaut actuellement à l'OMP. Ces affirmations sont consignées dans le PV de réunion du 5 juin avec le gouverneur de la province. Alors qui manipule qui dans cette troublante affaire ? Saïd Chbaâtou ou Abderrahmane El Yazidi ? Une chose est sûre : ce dernier est par ailleurs fonctionnaire du ministère de la Pêche.