Le bras de fer continue entre le ministre de la pêche et Mohamed Laraki de l'OMP. C'est dans ce climat d'extrême tension que le SNOMPH organise, jeudi 27 juin à Casablanca, une conférence de presse. Le bras de fer continue entre Saïd Chbaâtou et Mohamed Laraki même si la grève a été partiellement levée et que les bateaux de l'OMP ont repris en partie leur activité. Près de 300 grévistes sur plus de 1000 ont de nouveau embarqué. L'armateur de Tan-tan refuse d'ouvrir le dialogue social avec le syndicat (SNOMPH) de Abderrahmane El Yazidi qu'il juge toujours illégal puisque le groupe n'a pas reçu le préavis de grève et que selon son patron les marins et les officiers ne sont pas syndiqués. “La situation est en butte sur le récif de la mauvaise foi flagrante du ministre“, explique M. Laraki. De son côté, M. Chbâatou crie à qui veut l'entendre que ce dernier cherche en fait à licencier son personnel, couler une entreprise en difficulté pour la racheter finalement au dirham symbolique. Cette assertion suppose que le syndicat est complice puisque le mouvement de grève fut déclenché à son initiative. Or, tout porte à croire que le SNOMPH, dès le déclenchement de cette affaire troublante, a pris fait et cause pour le ministre et vice-versa. D'ailleurs, la section maritime de Thami Khiyari organise, jeudi 27 juin, une conférence de presse à Casablanca. Le thème : soulèvement des marins pêcheurs hauturiers de Tan Tan contre la misère, l'exploitation et l'injustice. On dirait que cette zone du sud est à feu et à sang. “ La démagogie à tous les étages“, témoigne Mohamed Laraki. Mais à qui profite ce “crime“ en haute mer ? En principe pas à Saïd Chbaâtou, pris soudain d'une fringale de communication. Car en tant que ministre, la situation de blocage à Tan Tan n'est pas pour arranger son bilan de responsable du secteur au sein du gouvernement puisqu'elle rejaillit fatalement sur la performance de l'activité de pêche dont il est le principal comptable. La logique aurait été respectée si le ministre avait usé de son rôle naturel d'arbitre auprès des protagonistes pour que la crise trouve un dénouement heureux. Or, force est de constater que ce n'est pas du tout le cas. Bien au contraire. On assiste par contre à des manœuvres soutenues pour que Tan Tan reste otage d'un scénario kafakïen . La conférence de presse de M. El Yazidi ne procède-t-elle pas du maintien de la surchauffe? Cette épreuve de force n'a plus lieu d'être du moment que Mohamed Laraki, par le biais de l'association des opérateurs économiques de Tan Tan port, s'est engagé solennellement et par écrit à s'aligner sur le compromis trouvé à Agadir, sous l'égide du wali, par le SNOMPH et l'APAPHAM sur le cahier revendicatif des gens de la mer. Mieux, la médiation du 7 juin du ministre de l'intérieur et de son collègue des Finances, en présence de Mohamed Laraki et de Saïd Chbaâtou, est restée vaine. Le syndicat de M. El Yazidi, pour l'on ne sait quelles raisons, nourrit toujours un climat de tension à Tan Tan en montant les marins contre leur employeur. Le groupe AON du Mauritanien Abdallahi Ould Nouegued ne risque pas de connaître le sort infligé à l'OMP. Chance inestimable, ce dernier s'est vu octroyer par Saïd Chbaâtou plus de 15 licences dans la pêcherie poulpière au Maroc. Un créneau qui, selon le ministre lui-même, ne doit plus supporter d'autorisations supplémentaires. Le ministre qui revient sur ce qu'il a signé dans son plan d'aménagement… M. Chbaâtou explique après coup cette dérogation flagrante par les intérêts stratégiques liant le Maroc à la Mauritanie par rapport à l'affaire du Sahara et par la dynamique économique entre les deux pays. Ainsi, le ministre se glisse-t-il dans l'habit du concepteur de la géostratégie… Dans ce cas, pourquoi avoir refusé de renouveler l'accord de pêche avec l'Espagne dont la position sur tous les plans est autrement plus importante pour le pays ? Madrid a-t-elle cessé d'être un partenaire de choix pour Rabat ? Le Maroc a-t-il à gagner davantage en tournant le dos à l'Espagne ? Les faits montrent jusqu'ici le contraire. Peut-être que Saïd Chbaâtou a-t-il aussi à ce sujet une autre vision admirable de profondeur…