Donner de nouveaux moyens au développement de l'agriculture familiale au niveau du continent. Là était le pourquoi de la 1ère conférence internationale sur la coopération Sud-Sud tenue le week-end dernier à Marrakech. Le défi étant énorme pour le Maroc, pays hôte et initiateur, et les pays partenaires de l'Afrique, la FAO, coorganisatrice de l'événement, veillera à faciliter cette coopération. Le Haut patronage royal donné à la manifestation est, de surcroît, une réponse à la nouvelle dimension donnée par le Souverain aux relations économiques entre le pays et ses voisins dans le continent. L'agriculture fait partie de ces échanges. Et son volet solidaire ou familial trouve déjà sa place dans le Plan Maroc Vert. Son instauration consiste, selon le ministre de tutelle, à faire des apports dans ce sens. «Il faut plus d'intervention de l'Etat, voire aider les agriculteurs à sortir d'une agriculture qui ne rapporte pas grand-chose aujourd'hui vers une agriculture à meilleure valeur ajoutée. C'est ce que nous faisons pour le million d'hectares que nous voulons convertir en arbres fruitiers sur lesquels on apporte et la technologie et l'investissement», a déclaré Aziz Akhannouch à ALM en marge d'un point de presse organisé après l'ouverture de la conférence. Quant aux liens de coopération Sud-Sud en matière d'agriculture familiale, voire de sécurité alimentaire, ils sont destinés à créer un échange d'expériences entre le Maroc et les pays participant à l'événement. Aux yeux du directeur général de la FAO, ce partage devrait se concentrer sur plusieurs points. «Il importe de cibler les actions de cette coopération sur l'innovation, l'introduction des nouvelles technologies et la gestion optimisée des ressources en eau au profit des exploitations familiales qui manquent de moyens techniques et financiers», a détaillé José Graziano da Silva qui a exprimé le besoin d'une approche intégrée. Ceci étant, la première conférence internationale Sud-Sud s'inscrit dans le cadre de l'accord général signé entre la FAO, le ministère de l'agriculture et de la pêche maritime et le ministère de l'économie et des finances en marge du SIAM 2014. En vertu de cet accord, un fonds fiduciaire d'un million de dollars a été créé pour aider les pays en développement en Afrique à accroître leur productivité agricole, atteindre la sécurité alimentaire, améliorer les moyens de subsistance, renforcer la résilience aux menaces et crises et améliorer la gestion des ressources naturelles. Un fonds mis par le Maroc à la disposition de la FAO et alimenté au moyen de dons annuels échelonnés de 2014 à 2020 provenant aussi bien du gouvernement que du secteur privé. «J'ai eu une proposition de la MAMDA qui souhaite investir dans ce fonds», a indiqué le ministre de l'agriculture et de la pêche maritime lors du point de presse ayant suivi l'ouverture officielle de l'événement, auquel ont pris part environ 20 ministres de pays africains et de la Chine. Une manifestation marquée par l'organisation d'ateliers consacrés à l'agriculture familiale et la sécurité alimentaire et destinés à un échange entre experts marocains et africains. Pour rappel, la 1ère conférence internationale de coopération Sud-Sud a été couronnée par la déclaration de Marrakech concernant la solidarité africaine pour la sécurité alimentaire en Afrique. Les perspectives de l'agriculture africaine Selon les estimations de la FAO, la proportion de la population rurale en Afrique devrait passer à plus de 580 millions de personnes d'ici 2030. Le continent compte 33 millions d'exploitations de moins de 2 ha qui représentent 80% de l'ensemble des exploitations. L'investissement direct étranger dans l'agriculture africaine devrait, quant à lui, progresser pour passer de moins de 10 milliards de dollars en 2010 à plus de 45 milliards de dollars en 2020. En déclarant 2014 année de l'agriculture familiale, la FAO souligne que les exploitations agricoles familiales constituent un maillon décisif de la solution vers l'avènement d'un monde libéré de la pauvreté et de la faim. Pourtant, très souvent, ce sont les exploitants agricoles et leurs familles qui souffrent le plus d'insécurité alimentaire et de vulnérabilité. La situation appelle d'urgence des politiques et des actions appropriées à même de stimuler l'innovation et de renforcer leurs capacités.