Alors que le sort de Yasser Arafat est toujours hypothétique, Ahmad Qoreï intensifie les manœuvres en perspective d'un retour à la table des négociations avec Israël. Le moins que l'on puisse dire est que Ahmad Qoreï est sur le pied de guerre. Le Premier ministre palestinien désigné oeuvre d'arrache-pied afin de contourner l'impasse où s'est embourbé le processus de paix au Proche-Orient. Pragmatique à plus d'un titre, Ahmad Qoreï multiplie les contacts avec les différentes parties afin d'aboutir à un cessez-le-feu qui, à cause des assassinats et des provocations israéliennes, a fini par être rompu. Une trêve qui fait office de pilier incontournable si l'on aspire à la reconstitution du tour de table pour la paix. Une fois l'accalmie atteinte, le Premier ministre palestinien pourra entamer les discussions avec le gouvernement israélien. Toujours faut-il que Sharon accepte d'enterrer la hache de guerre qui semble faire partie intégrante de son être. En effet, Ahmad Qoreï a affiché son intention de mettre fin au «chaos» des armes dans les territoires palestiniens, l'objectif étant la priorité qu'il accorde à la négociation d'un cessez-le-feu avec Israël, une fois son gouvernement formé dans les jours à venir. Le Premier ministre palestinien n'a toutefois pas précisé les mesures qu'il compte prendre pour saisir les armes palestiniennes. Certains responsables ont suggéré qu'un premier pas serait de demander à la police de persuader les militants d'éviter de parader en public avec des armes, y compris lors de manifestations. « Nous avons davantage besoin de consultations pour mettre fin au chaos dans les rues, dans l'administration et dans l'esprit des Palestiniens, y compris le chaos dans l'usage, la distribution et le stockage d'armes », avait déclaré Qoreï à la presse depuis le quartier général de Yasser Arafat à Ramallah. Le nouveau Premier ministre a été reçu lundi par le chef de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, après avoir rencontré des représentants du Hamas, du Jihad islamique et d'autres groupes palestiniens dans la Bande de Gaza. Invités à rejoindre son gouvernement, dominé par le Fatah de Yasser Arafat, ces groupes ont décliné l'offre. «Le Hamas n'a pas participé aux gouvernements précédents et il ne siégera pas dans le prochain (...) la politique du Hamas est de ne pas participer à aucun gouvernement dont le programme est fondé sur les accords d'Oslo de 1993 qui ont foulé aux pieds les droits du peuple palestinien», a annoncé le Hamas dans un communiqué. La position du Jihad Islamique est tout aussi similaire. « Nous rejetons toute participation à un gouvernement régi par Oslo ou par tout autre projet israélien ou américain », a précisé Khader Habib, dirigeant du Jihad Islamique. Pour sa part, Ariel Sharon estime que la feuille de route est gênée par deux obstacles. « Le premier est Yasser Arafat qui, il n'y a pas si longtemps, a sapé le gouvernement de Mahmoud Abbas parce que nous commencions à discuter, le second est le terrorisme, parce qu'aussi longtemps qu'il existera, je ne crois pas à la possibilité de progresser sur la voie du processus de paix », avait déclaré Sharon. Le Premier ministre israélien n'a toutefois pas précisé de quel terrorisme il s'agissait. Est-ce celui qui consiste à froidement assassiner des enfants palestiniens ou bien celui en cours de préméditation et qui concerne Yasser Arafat ?