L'histoire commence quand Salaheddine, âgé de vingt-et-un ans, tombe amoureux de Nadia, âgée de dix-sept ans. En fait, il y a plusieurs années qu'il la connaissait et la traitait comme sa sœur. Il était l'ami de son frère, Nabil. Issus du même quartier à Casablanca, tous les deux ont joué et rigolé ensemble. Ils ont passé leurs études sur les bancs de la même école. Tous les deux ont cherché ensemble un emploi pour gagner leur vie après avoir abandonné leurs études. Au final leur histoire d'amitié devait finir en tragédie grecque. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Salaheddine se tient dans le box des accusés. Il répond aux questions du président de la Cour, assisté par les deux assesseurs et du représentant du ministère public. Salaheddine essaie de fixer n'importe quoi sauf leurs regards. Poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort de son ami, Nabil, il manifeste son regret en fondant en larmes. «C'était juste un moment de nervosité… Je n'avais pas l'intention de le tuer. Il était mon meilleur ami», disait-il, dans un sanglot déchirant. Certes, si la colère n'avait pas atteint un degré de non retour, rien ne se serait produit d'aussi irréversible. Il aurait gardé son ami de toujours et surtout l'amour de sa vie. «J'aimais Nadia. Je croyais qu'elle partageait avec moi les mêmes sentiments. Mais, craignant son frère, elle ne pouvait pas les exprimer», a-t-il ajouté toujours les larmes aux yeux. Salaheddine a affirmé au président de la Cour qu'il avait l'intention de la demander au mariage. Nabil, lui, ne savait rien de tout cela. Il ne savait même pas que son ami était fou amoureux de sa sœur. «C'était la première fois que j'ai osé parler à Nadia pour lui exprimer mes sentiments», a-t-il précisé à la Cour. Et c'était la dernière. Hors de lui, Nabil lui a demandé de lui expliquer la raison pour laquelle il engageait une conversation en pleine rue avec sa sœur. Perturbé, Salaheddine lui a répondu qu'il voulait l'informer qu'il allait la demander en mariage. «Mais, Nabil m'a traité de connard qui trompait sa confiance et son amitié», a-t-il confié à la Cour. Hors de lui, Nabil lui a donné un coup de poing. Pour se défendre, Salaheddine l'a poussé violemment. Nabil est tombé sur le trottoir. Le sang coulait de sa tête. Salaheddine est resté bouche bée ne sachant quoi faire. Quelques secondes plus tard, Nabil a rendu le dernier soupir. Verdict : 8 ans de réclusion criminelle pour Salaheddine.