Mohammedia a de nouveau échappé au pire. Un feu s'est déclaré jeudi 18 septembre dans un bac d'essence à la Samir. à l'origine, la défaillance des installations techniques et l'absence des normes de sécurité. C'est le deuxième incendie en moins d'un an qui ravage la raffinerie de tous les dangers. Un vent de panique souffle dans la région. Mohammedia a de nouveau échappé au pire. Encore une fois, un feu s'est déclaré jeudi 18 septembre vers 18 heures à La Samir dans un bac de stockage d'essence contenant près de 2000 mètres cubes d'essence semi-finie. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'incendie a eu lieu suite à une “opération de correction“ (consistant à mettre du butane dans l'essence pour améliorer sa qualité) mise en œuvre sans que les mesures de sécurité nécessaires aient été prises. Cet incident a failli tourner à la catastrophe n'était l'intervention efficace des secours publics (sapeurs-pompiers et armée) qui n'ont circonscrit complètement le danger que samedi au petit matin. Pris de panique devant des fumerolles et des flammes géantes qui montent dans le ciel, certains habitants se sont précipités sur fond de sirènes assourdissantes hors de chez eux. Sauve qui peut. Les sujets les plus fragiles, atteints de maladies respiratoires, furent hospitalisés à cause de l'asphyxie due à l'émission des gaz nocifs. Un spectacle désolant. Ce n'est pas la première fois que la raffinerie de Mohammedia flambe. Rappelez-vous le 25 novembre 2002. Un gigantesque incendie, qui a fait deux victimes parmi le personnel et plusieurs blessés, a ravagé les installations de la raffinerie et failli raser Mohammedia de la carte. À l'époque, les responsables de la raffinerie ont accusé les crues de Oued El Mellah. Et maintenant, ils vont jeter la pierre à qui ? Deux incendies en moins d'une année ? Ce n'est pas normal. Tout le monde pense que c'est trop. Scandaleux. Pas de doute, La Samir est une bombe qu'il faut désamorcer d'urgence. On ne badine pas avec la sécurité des gens. Dans un communiqué (daté du 19 septembre) adressé à la presse, le directeur général de La Samir Abderrahmane Saâïdi a tenté de minimiser le danger. “ Nous ne déplorons aucune perte humaine. Les seuls dégâts matériels enregistrés sont limités au bac qui a pris feu et l'incendie n'a aucun impact sur le fonctionnement de la raffinerie dont toutes les installations sont opérationnelles“. Et de conclure : “Nous vous confirmons par conséquent que La Samir continue d'assurer l'approvisionnement du marché de façon normale et régulière“. Voilà, on voudrait faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes alors que rien en fait ne va plus dans une raffinerie confrontée à de graves problèmes. En effet, ce n'est pas un hasard si La Samir est exposée à des sinistres de ce type. Directement en cause, la vétusté frappante des installations, l'absence sidérante des normes de sécurité et les négligences coupables en matière de maintenance. Et puis, le raffinage est un métier qui nécessite de l'expertise et de la technicité. Qualités professionnelles que La Samir possède de moins en moins en raison du licenciement des équipes qui connaissent leur affaire. Les dirigeants de cette société appartenant au groupe suédo-saoudien Corral depuis sa privatisation en 1996 sont les premiers responsables de cette situation extrêmement inquiétante. Ils s'entêtent à ne pas honorer les engagements pris dans le cahier des charges : la mise en oeuvre d'un programme d'investissement ambitieux destiné à la mise à niveau de l'outil de production. Mieux, les promoteurs de La Samir cherchent à remettre en cause la libéralisation de la filière pétrolière entrée en vigueur en juillet 2002 pour continuer contre toute logique économique à profiter de la subvention de l'État marocain. Une libéralisation qui s'est accélérée avec la “panne des sens“ de La Samir suite au premier incendie et qui a ouvert la voie des importations des produits pétroliers par les sociétés de distribution. Tout se passe comme si La Samir était considérée par ses patrons comme une pompe à fric qui doit fonctionner à tout prix au détriment des règles de sécurité. Le problème Samir aurait dû être réglé dès la tragédie de novembre dernier. L'alerte était trop sérieuse pour ne pas réagir. Mais les pouvoirs publics n'ont rien entrepris afin de mettre les dirigeants de La Samir devant leurs responsabilités et les obliger à respecter leurs engagements. C'est cette politique consistant à ménager le chou et la chèvre qui s'est avérée finalement explosive. Au lendemain de l'incendie, les dirigeants de La Samir ont été invités à s'expliquer sur les raisons de ce sinistre dans le cadre d'une réunion avec certains membres du gouvernement. Ces derniers ont juste demandé à Abderrahmane Saaïdi et à son équipe de délocaliser La Samir vers un autre site. Encore une fois, l'exécutif ne tranche pas. Autrement dit, la bombe La Samir est toujours là. Quant à la réunion du Conseil d'administration de La Samir, elle a été fixée au 9 octobre prochain alors qu'il aurait fallu la tenir rapidement. Malgrès le danger qui guette, il est urgent d'attendre… Mohammedia n'est pas encore au bout de ses peines.