L'incendie qui a ravagé l'usine Dolidol à Aïn Sebaâ pose de nouveau le problème du respect des normes de sécurité dans les entreprises à haut risque qui manipulent des matières dangereuses. C'est le cas de la SCAM et la Cadex, spécialisées dans la fabrication des mines et des explosifs. Enquête. L'incendie de l'usine Dolidol, survenu le mardi 15 juin, pose avec insistance le problème de la sécurité contre les incendies. Les dernières informations recueillies sur place font état d'un bilan très lourd. Treize personnes, dont cinq sapeurs pompiers, ont été gravement blessés. Une information que Raja Charifi, responsable de la communication et du marketing du groupe Dolidol nie complètement : «Je suis resté sur les lieux depuis que le feu s'est déclaré jusqu'à sa maîtrise totale. Je n'ai constaté aucun cas de blessure», affirme la responsable. Par contre, la commission d'enquête a relevé que le bâtiment Dolidol s'étale sur quatre étage alors que la norme urbaine propre à la zone industrielle Ain Sebaâ n'en autorise qu'un seul. Ce manquement est déjà grave de conséquences sans parler du non-respect des règles élémentaires de sécurité. Interpellée, Raja Charifi estime qu'il faut attendre le rapport final de la commission d'enquête et d'ajouter : «Nous allons vous adresser un communiqué dans ce sens», sans aucun commentaire au sujet des manquements ! Ce genre de dossier «brûlant» délie les langues, celles des spécialités de la sécurité notamment. Le risque d'incendie n'est pas sérieusement pris en compte. Hydrocarbures, alcool, chimie, textile et mousses polystyrènes arrivent en tête des secteurs à risque. Le responsable d'une société spécialisée dans la sécurité incendie ne manque pas de faire remarquer que les normes ne sont pas respectées. Pis, la complicité des assurances, dans certains cas, est établie. Les assureurs préfèrent ne pas trop se monter regardants sur cet aspect. L'intérêt pour la souscription de la prime d'assurance l'emporte sur le respect des règles élémentaires. La pratique exige qu'avant d'assurer une société à risque, la délivrance d'une attestation par une société spécialisée agréé par la Fédération nationale d'Assurance et de Réassurance. Charge à elle de passer en revue l'ensemble de la chaîne de procédés de la société avant d'émettre un avis pour que l'assureur calcule sa prime. Ce n'est, malheureusement, pas le cas dans la plupart des cas enregistrés! Mieux encore, l'exemple d'une grande société de la place spécialisée en incendie est éloquent. Elle s'est vue retirer son agrément par la fédération d'assurance pour non-respect des règles de base. Au lieu d'utiliser le matériel importé, conforme aux standards internationaux, la société préférait recourir au marché local, non certifié, bon marché. En plus, avance notre interlocuteur, depuis vingt années d'exercice, jamais la Protection civile n'a jugé utile de lui rendre visite ! et pourtant, elle est garante de la bonne marche de telles entreprises. Globalement, il est grand temps d'ouvrir, sérieusement, le dossier de la maintenance et la sécurité industrielle. Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux sont très importants pour être encore renvoyés aux calendes grecques. L'incendie d'un bac de la raffinerie Samir à Mohammedia, le jeudi 18 septembre 2003, et celui de Maroc Phosphore à Safi après des émanations enregistrées la même année sont encore dans les mémoires et ne doivent plus laisser indifférent. Derrière de tels incidents, un ensemble de facteurs dont la vétusté des infrastructures, le manque de rigueur dans la surveillance et la détection du feu ainsi que l'insuffisance des moyens d'intervention. Pourtant, il bon de signaler que le gouvernement a demandé au raffineur Samir de mettre en œuvre la décision de délocalisation de ses installations, vu qu'il s'agit du deuxième incendie en l'espace de neuf mois. Dans le cas de Maroc Phosphore, une quinzaine d'agents de Maroc Phosphore se sont sentis incommodés par des émanations lors du démarrage d'une ligne de fabrication d'acide sulfurique. Face à ces situations catastrophiques, à l'image de ce qui s'est produit à Toulouse à l'usine AZF, il est plus qu'urgent de revoir les conditions de sécurité de ces sites. Le cas Dolidol en est la manifestation extrême. Et pourtant, les textes de lois sont légion. Leur application, par contre, est souhaitable. Récemment, le nouveau code du travail a introduit la notion de Comité de sécurité et d'hygiène (C S H). Ainsi, selon les textes, l'employeur dans les entreprises occupant 50 salariés ou plus est tenu de créer un comité de sécurité et d'hygiène présidé par l'employeur, ou son représentant, et comprenant le chef du service de sécurité désigné par l'employeur, le médecin du travail de l'entreprise, deux délégués des salariés élus par les délégués et un ou deux représentants des syndicats, le cas échéant. Les entreprises sont appelées, donc, à opérer des choix parmi les différents types de maintenance en fonction de multiples éléments techniques, économiques et de facteurs internes ou externes.