La personnalité que la «lettre de Marrakech» se propose de présenter un peu plus aux lecteurs marocains est aujourd'hui Dominique de Villepin, actuel ministre français des Affaires étrangères. Dominique de Villepin, actuel ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie dans le gouvernement français Raffarin, est un homme discret. Ce diplomate de carrière, qui travaille efficacement sans bruit, est un fidèle du président français Jacques Chirac. Fils du terroir marocain, Dominique de Villepin est né à Rabat le 14 novembre 1953 à une période cruciale où les relations franco-marocaines connaissaient un bouillonnent, avec l'exil de feu SM Mohammed V à Madagascar et surtout à l'approche de notre pays, c'est dire que D. de Villepin est né pendant une période stratégique dans le cadre des relations diplomatico-politiques franco-marocaines. Etait-ce un signe prémonitoire ou une prédestinée pour la future carrière de l'actuel patron du Quai d'Orsay… Dominique de Villepin, homme grand de taille mais dans le travail aussi, bosseur et homme de dossiers, a fait une scolarité digne des fils de grandes familles respectables où l'éducation prime avant tout. Sans doute, Monsieur de Villepin père, industriel représentant le groupe Saint Gobain-Pont à Mousson a voulu pour son fils, appliquer l'adage qui dit : « instruis ton fils donne lui une éducation, il sera un homme ». Dominique de Villepin a su tout au long de sa carrière, monter les échelons pour arriver là où il est. Ses études, il les a faites au Maroc mais aussi à Caracas puis à New York aux USA. De toute cette formation, il a obtenu excellemment une licence es-lettres et en politique, puis un diplôme de l'Institut d'études politiques pour finir à l'Ecole nationale d'administration où il en sort titré parmi ses copains de la promotion Voltaire. A ce moment là, Dominique de Villepin choisit la voix diplomatique et s'engage comme fonctionnaire du Quai d'Orsay. On peut dire, comme l'ont constaté les analystes politiques, que cette passion pour la diplomatie et pour son pays, Dominique de Villepin la doit à ses origines de Français de l'étranger au Maroc. Sa carrière a commencé réellement le 1er juin 1980 quant il fût nommé et titularisé comme secrétaire des Affaires étrangères. C'est ensuite qu'il succédera à différents postes de responsabilité comme celui des Affaires africaines et malgaches en 1981, puis celui des Affaires africaines et malgaches et le Centre d'analyse et de prévention de 1981 à 1984. Donc l'attirance pour la terre de ses origines se traduit déjà par ces nominations. A partir de l'année 1984, Dominique de Villepin est nommé 1er secrétaire à l'ambassade de France à Washington, poste où il excellera dans les relations franco-américaines jusqu'en 1987 pour rester ensuite comme deuxième conseiller au même poste deux années supplémentaires (87-89). L'expérience américaine va le mener directement en Inde où il sera nommé 2ème conseiller de l'ambassade de France à New Delhi pour quelques temps (un an) et au même poste il augmentera de rang comme 1er conseiller jusqu'en 1992. De l'Asie, c'est le retour au Quai d'Orsay pour reprendre le travail à la division des Affaires africaines et malgaches jusqu'à sa nomination comme directeur de cabinet d'Alain Juppé au Quai d'Orsay (93). A cette période Dominique de Villepin, aux côtés de Maurice Gourdault (qui sera nommé comme ambassadeur à Tokyo), va s'imposer comme un stratège dans la campagne électorale des présidentielles de 1995 où Jacques Chirac comme nous le savons, sera élu. Tout normalement, Dominique de Villepin sera nommé secrétaire général de la présidence de la République dès l'entrée de Chirac à l'Elysée. Dominique de Villepin va, en ce moment, être parmi les hommes clés du président et il veillera sur la stratégie politique et surtout sur l'occupation du terrain médiatique français. Il sera d'une efficacité sans égal. Il s'érigera en rempart d'un Chirac mis en cause dans de nombreuses affaires en prenant en main la cellule juridique de l'Elysée et exploitant les faiblesses de la cellule du Premier ministre d'alors, Lionel Jospin. Tous les spécialistes de la politique française s'accordent pour dire que la redoutable efficacité de Dominique de Villepin ne parvient pas à dissiper les réserves de ses détracteurs qui lui reprochent souvent sa vision grandiloquente et exaltée de la politique et une très haute conscience de sa valeur qui nourrirait un profond mépris pour la classe politique et ses notables. Dominique de Villepin est un passionné de nature, comme tout Marocain d'origine, et il l'est surtout pour son pays, la France tel que décrit dans son dernier livre : «Les cent jours ou l'esprit de sacrifice». En fait, cet homme de valeur était peu connu, même des Français, jusqu'en 1995 quand il entra à l'Elysée. C'est l'homme que Mme Chirac qualifie de «Néron» après l'échec de la dissolution du Parlement en 1997 et dont il était un fervent partisan. Il n'hésitera pas à soutenir en 1999, Sarkozy contre Philippe Seguin aux élections européennes. Tout cela le laisse aux côtés du président Chirac qui dit de lui : «Villepin pige à une vitesse fantastique et qu'il est rare de rencontrer un homme comme lui, soit à la fois un poète et un très bon capitaine d'escadron de commando». En effet, Dominique de Villepin est un assidu de la poésie, d'Arthur Rimbaud en particulier, et c'est lui qui aurait soufflé à Jacques Chirac le mot «Abracadabrantes» pour qualifier les accusations dont il était la cible. Voilà un homme décrit comme stratège et intelligent qui aime le Maroc. Sa visite officielle, il y a moins d'un an, a laissé beaucoup de traces médiatiques et surtout, nous a permis de cerner la façon dont Dominique de Villepin pense les relations entre nos deux pays, en fait entre ses deux pays à lui. A la question de savoir ce qu'il pense de cette visite de fin octobre 2002 au Maroc ? Le ministre des Affaires étrangères français répond que : «C'est ma 1ère visite officielle au Maroc, à Rabat, sur ma terre natale et dans ma ville natale, une visite qui a un sens particulier et qui est chargée de beaucoup d'émotions». Devant les participants à sa visite de l'université Mohammed V Agdal avec notre Premier ministre Driss Jettou, il a fait un discours conciliateur modéré: «Nos peuples de l'Occident et du monde arabe, descendants du Christianisme, du Judaisme et de l'Islam, devant affirmer avec courage notre destinée commune. Jamais l'urgence d'une telle audace a été aussi forte». D'ailleurs durant cette réunion, Dominique de Villepin s'est illustré en citant ce que Mahmoud Darwich avait écrit contre la violence de la guerre et en invoquant pour nous la conscience des deux rives : «La paix est le discours intérieur du voyage adressé au voyageur de l'autre côté». Notre diplomate chevronné a aussi insisté pendant cette visite officielle, sur le fait que le président Chirac souhaite relancer le partenariat avec le Maroc de façon exceptionnelle. Il a dit notamment : «Nos relations privilégiées et exemplaires sont appelées à connaître un nouvel élan exceptionnel ?». En s'adressant aux téléspectateurs de 2M le 1er novembre, Dominique de Villepin ajoute : «Nous avons en 2003 et dans les proches mois à venir un calendrier politique très chargé dans les relations franco-marocaines. Nous voulons développer, approfondir, renouveler ce partenariat. Nous voulons nous mobiliser sur les grands projets, et vous savez bien quelles sont les priorités de SM le Roi Mohammed VI, quelles sont les priorités du gouvernement, le développement économique et social. Nous voulons apporter notre contribution dans tous ces domaines, de celui de l'éducation, dans celui du grand chantier social. Nous sommes liés pour appuyer et pour contribuer aux succès de tous ces efforts». Du reste, cette semaine exactement le samedi 20 septembre, Dominique de Villepin parraine une grande rencontre à Marrakech à l'hôtel Sofitel sur le thème : «Choc des cultures ou dialogue des cultures, regards croisés». Cette manifestation fort intéressante à nos yeux va permettre de débattre, après le 11 septembre 2001 et le 16 mai 2003 de la manière et de la nécessité de maintenir les liens entre cultures, sociétés et individus dans un rapport nouvellement enrichissant et de contribuer aussi au renforcement de la paix et de la compréhension entre les nations. Plusieurs tables rondes (femmes, dialogue et paix en Méditerranée, le métissage au service du dialogue des cultures….) seront animées durant toute cette journée et auxquelles vont participer des somimités intellectuelles du monde des médias, dela presse, de la culture, de la politique et de la diplomatie. Citons la présence de personnalités représentant les télés, les organes de presse, des ministres, des fondations, des ambassadeurs, des professeurs, des représentants de différents cultes, des médecins, des directeurs de festivals, Institut du monde arabe, des réalisateurs, des femmes. Aussi rendons hommage à Monsieur Dominique de Villepin qui œuvre à travers le monde à faire passer les messages de paix, de tolérance qui sont aussi des valeurs faisant partie des fondements du Maroc. A travers le travail diplomatique intense et le rapprochement encore plus grand que Dominique de Villepin essaye de réaliser avec notre pays, la « lettre de Marrakech » et tous les amis de Marrakech et du Maroc, saluent cet homme d'envergure dont nous voulons toujours le voir venir chez nous pour travailler mais qu'il vienne aussi goûter les délices de la Palmeraie, de la Place Jamaâ El Fna et des ruelles calmes et fleuries de notre belle ville, Marrakech.