Deux jours après la victoire du "non" au référendum sur la Constitution européenne, le Président français a choisi un fidèle du dernier carré, Dominique de Villepin, pour incarner l'"impulsion nouvelle et forte" promise pour la fin du quinquennat. Dominique de Villepin a été nommé mardi Premier ministre par le Président Jacques Chirac. Ce fidèle à Chirac succède ainsi à Jean-Pierre Raffarin dont la démission était inévitable, suite au non massif des Français au référendum sur la Constitution européenne. C'est dans un bref communiqué publié mardi à 11h51 mm que l'Elysée a annoncé que le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, succédait à Jean-Pierre Raffarin venu quelques minutes plus tôt remettre la démission de son gouvernement au chef de l'Etat. «Le président de la République a nommé Dominique de Villepin Premier ministre. Il l'a chargé de former le nouveau gouvernement», a déclaré l'Elysée. Quelques minutes auparavant, la présidence avait annoncé que Jean-Pierre Raffarin avait présenté la démission de son gouvernement à Chirac. La nomination de Dominique de Villepin au poste de Premier ministre a suscité le mécontentement de nombreuses personnalités de gauche. Parmi eux, le président du groupe PCF à l'Assemblée nationale Alain Bocque. Ce dernier a jugé que cette nomination avait "un côté un peu provocateur" de la part de Jacques Chirac. Il a aussi déclaré que le nouveau Premier ministre va pratiquer la même politique. Alain Bocque a noté, en outre, que Dominique de Villepin, qui n'a jamais détenu de mandat, n'a pas une vraie connaissance du terrain, de la vie du peuple dans ses profondeurs. Pour les Verts, Jacques Chirac "insulte les Français" en nommant Dominique de Villepin à Matignon et "en reconduisant très probablement une politique identique malgré les messages donnés à plusieurs reprises par les électeurs". Dans un communiqué, ils soulignent que le référendum a été "l'expression de la désespérance des Français face aux politiques mises en oeuvre par la droite, sapant jusqu'aux acquis issus de l'après-guerre". «La nomination de M. De Villepin ne répond absolument pas aux questions qu'ont posées nos concitoyens. Le changement de personnes ne conduira donc probablement pas au changement de politique auquel ils aspirent», a commenté Patrick Braouezec, un député PCF. «Jacques Chirac a choisi la logique de «bunkerisation» du pouvoir», a déclaré le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon. «Isolé face au peuple français qui vient de voter «non» massivement (au référendum sur la Constitution européenne), isolé en Europe face à des partenaires qui ne le prennent plus au sérieux, le voilà dorénavant isolé dans son propre camp. Un tel contexte conduit au chaos à brève échéance. Il n'y a pas d'autre issue au «non» massif des Français que le retour aux urnes», a-t-il ajouté. Dominique de Villepin était ministre de l'Intérieur depuis mars 2004. À partir de mai 2002, il occupait le poste de ministre des Affaires étrangères. Diplomate de carrière, Dominique de Villepin est considéré comme le plus proche collaborateur du Président Chirac quand il assumait le poste de secrétaire général de la présidence de la République de 1995 à 2002. Auparavant, il avait dirigé le cabinet du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé de 1993 à 1995. Né le 14 novembre 1953 à Rabat, où son père, Xavier de Villepin, était directeur de société, M. De Villepin a passé sa jeunesse dans divers pays (Amérique latine, Etats-Unis, Italie) avant de faire ses études à Paris. Licencié en lettres et en droit, il est aussi diplômé de l'Institut d'études politiques et énarque (promotion "Voltaire" 1978-80). Il a effectué ensuite son service militaire dans la Marine comme officier sur le porte-avions Clemenceau, puis entre au Quai d'Orsay comme secrétaire aux Affaires étrangères. Le 14 février 2003, cinq semaines avant le début de la guerre en Irak, Dominique de Villepin, alors chef de la diplomatie française, a prononcé devant le Conseil de sécurité de l'ONU un vibrant plaidoyer contre la guerre et pour un renforcement des inspections.