C'est aujourd'hui, lundi, que prend fin la campagne électorale pour les législatives en Algérie qui doivent se tenir jeudi 30 mai. Des élections sur lesquelles plane le spectre de l'abstention, particulièrement en Kabylie. Ouverte le 9 mai, la campagne, la campagne électorale pour les élections législatives, prend fin ce lundi 27 mai. Et la principale hantise des partis en lice est celle de l'abstention. Faits uniques dans les annales: les 23 chefs de partis en lice ont cherché plus à convaincre les 17 millions Algériens en âge de voter d'aller aux urnes qu'à expliquer leur programme, et plus de 20 candidats qui ont postulé à la députation en Kabylie ont annoncé leur retrait. A trois jours de l'élection, un climat de tension s'installe en Kabylie. Quelque 31 meetings ont été annulés, «faute de public», et des affiches sont quotidiennement arrachées. Selon le quotidien algérien «Le Matin», ce spectre ajouté aux émeutes qui sont loin de se cantonner à la seule Kabylie qui refuse jusqu'à la tenue de ce scrutin qualifié de «mascarade» semblent avoir créé comme un affolement au niveau des dirigeants algériens et poussé, selon toute vraisemblance, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui tient à l'organisation de cette élection dans les délais «même sans la Kabylie et la caution démocratique», à descendre dans l'arène pour appeler à un vote massif le 30 mai. «C'est une question de vie ou de mort», ne cesse de répéter le chef de l'Etat qui ne désespère pas de faire sortir les Algériens, dont 14 millions vivent en dessous du seuil de pauvreté, de leur «indifférence totale», de réduire la fracture institutions-population et d'atténuer les «désillusions» qu'il a créées trois ans après son élection. Pour parer aux salles vides, les partis et le Pouvoir qui se seraient entendus sur la répartition des quotas, selon plusieurs dirigeants de l'opposition, ont opté pour les «classiques méthodes de remplissage». Des bus sont réquisitionnés pour transporter des jeunes «loués» à la journée pour assister à des meetings. Une «astuce» qui permet à Yazid Zerhouni, le ministre algérien de l'Intérieur qui a sillonné lui aussi le pays pour «prendre la température» de la société, d'aligner une présence aux 1.600 meetings de quelque 350.000 personnes sur les 17 millions d'électeurs. Aux partisans du boycott, interdits de «meeting, télévision et radio», qui qualifient la présente campagne de «mièvre et morose», il leur rétorque qu'elle ne l'est pas plus que celle de juin 1997 qui avait vu la participation des deux partis les plus implantés en Kabylie, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS). Le ministre de l'Intérieur se permet même d'apporter la contradiction à son collègue de la Justice, Ahmed Ouyahia, le secrétaire du Rassemblement national démocratique (RND). L'issue du prochain scrutin sera, selon lui, favorable aux « républicains modernistes et nationalistes» et au Front de libération nationale (FLN) qui aurait «fait sa mue» et le taux de participation sera «appréciable». Une assurance que récuse globalement et dans le détail Saïd Sadi, le président du RCD.