L'opération des 30.000 candidats au travail sur des bateaux de croisière suscite plus d'interrogations qu'elle ne fournit de réponses. Alors que le chiffre de 22.000 candidats marocains au travail sur des bateaux de croisière à l'étranger paraissait énorme, le ministre de l'emploi, Abbas El Fassi, a rectifié, à la veille du 1er mai sur la première chaîne, ce chiffre en parlant de 30.000 postes d'emploi offerts par la fameuse agence émiratie Al Najat. Le responsable istiqlalien a confirmé ainsi la crédibilité de cette grosse opération d'embauche que personne ne sait sur quoi elle va déboucher au juste. Pour le moment, seule la clinique casablancaise, Dar Salam, qui a eu le bonheur immense de s'occuper des formalités médicales de milliers de postulants dépassant de loin le nombre des effectifs requis, possède des arguments concrets : les 900 Dhs déboursés cash par chaque candidat dans l'espoir d'être de l'aventure maritime. Pour une aventure, ce n'est vraiment une ou du moins elle en a l'air. D'abord, parce que le Maroc n'est pas le seul pays à être “démarché“ pour fournir des bataillons de futurs employés. Il semble que certains pays africains dont le Kenya aient déjà été sollicités dans le même cadre avant que l'affaire ne tourne court. Ensuite, parce qu'aucun candidat inscrit ne sait en quoi consisterait son boulot éventuellement une fois à bord des bâtiments flottants. On parle juste d'agents de maintenance et de personnel d'accueil. Tout ce qu'il y a eu c'est un rush incroyable des diplômés chômeurs nourri de la renaissance d'un immense espoir dans l'avenir vers les bureaux de l'ANAPEC pour déposer leur candidature. Enfin, parce qu'un certain secret entoure l'identité des sociétés maritimes, capables d'absorber une main-d'œuvre aussi importante. Ce qui a ajouté à la confusion, c'est l'implication tardive de l'ANAPEC comme intermédiaire dans ce dossier alors que celui-ci était confié au départ par le bureau de placement émiratie aux agences d'intérim comme RMO. Cette situation a eu pour conséquence de donner une caution sinon gouvernementale du moins ministérielle à une opération qui, force est de le constater, baigne dans le brouillard. En guise d'arguments, les promoteurs de ce projet d'embauche affirment que l'ambassadeur du Maroc aux Émirats arabes Unis a validé ces opportunités d'emplois. Mais aucun argument à même d'éclaircir les zones d'ombre qui sont toujours de rigueur. Résultat : l'horizon pour les éventuels candidats au départ n'en est qu'incertitude. Une affaire qui suscite plus de questions qu'il n'en résout.