La panique s'empare du directeur général de l'Anapec. Il appelle ses amis pour plaider sa bonne foi dans l'affaire des 30.000 emplois fictifs et dénoncer le silence du ministre sortant de l'Emploi, Abbas El Fassi. Chafik Rached est dans tous ses états. Depuis qu'il a compris que les 30.000 emplois à bord de bateaux de croisière ne sont qu'une escroquerie fumante, le directeur général de l'Anapec donne des signes de fébrilité qui traduisent son immense désarroi. Mayday, Mayday, la croisière s'affole. M. Rached a téléphoné il y quelques jours à certains de ses amis pour leur demander conseil. “Qu'est ce que je dois faire pour sortir de cette impasse, implore-t-il, en plaidant la bonne foi. Abbas El Fassi ne me prend plus au téléphone. Dois-je convoquer une conférence de presse ?“ Pauvre Rached. Hier encore chouchouté, le voilà lâché comme un caillou dans l'océan. C'est toujours comme ça. M. El Fassi, qui s'est enthousiasmé jusqu'à cautionner ce qui a failli être la grosse opération d'embauche de tous les temps, abandonne donc maintenant Chafik à lui-même. En fait, Rached a intérêt à parler à la presse. Pour lui expliquer une chose essentielle : Comment est-il arrivé à donner crédit, lui, l'ingénieur Pont et Chaussées, à une fumisterie pareille qui sentait dès le début l'arnaque à plein nez. De deux choses l'une : soit il a péché sur ce dossier par naïveté ou incompétence, ce qui est extrêmement grave pour un responsable. Soit il prend les autres pour des imbéciles, ce qui est encore plus grave . Inscrire près de 90.000 jeunes marocains (chacun a déboursé 900 Dh pour la visite médicale) en profitant de leur détresse et de leur espoir de trouver un job tout en sachant au départ que l'offre d'embauche en question n'existe nulle part. Alors qu'est ce qui reste de tout ce branle bas de combat national suscité pendant plusieurs mois autour de cette mirifique histoire ? Il ne reste que du vent mauvais : une gigantesque opération d'extorsion de fonds. On a miroité aux candidats des milliers de postes de travail alléchants pour leur soutirer de l'argent sous couvert de formalités médicales. L'affaire se résume à cela. Plusieurs milliards de centimes ont quitté le pays en devises par ce procédé frauduleux. La clinique Dar Salam à Casablanca, du docteur Jamil Bahnini, récipiendaire unique de ce qui ressemble à un gros tour de passe-passe financier,doit répondre de ses actes. Car il est établi que les responsables d'AL Najat ont touché une commission occulte à hauteur de 300 Dh par personne. Faites le calcul.