Les kenyans euphoriques quand 50.000 emplois sur des bateaux de croisière leur avaient été proposés, à des salaires mirifiques, ont dû déchanter. Le gouvernement kenyan a dû finalement l'admettre. Les emplois annoncés avec fracas sur des bateaux de croisière n'existent tout simplement pas. Le ministre kenyan du développement des ressources de travail, Joseph Ngutu a dû finalement monter au créneau et annoncer que l'opération annoncée par la compagnie Al-Najat était en fait un canular. «Les faits enregistrés permettent raisonnablement de croire que les emplois annoncés n'existent pas», a déclaré en substance le ministre qui est allé plus loin demandant une enquête du département des investigations criminelles. Selon les révélations de M. Ngutu, alléchés par les 50.000 emplois annoncés, quelque 11.000 citoyens kenyans avaient effectivement soumis leurs dossiers de candidature aux agents recruteurs et s'étaient acquittés des droits d'inscription sur les listes. Un parlementaire kenyan, revenant d'un voyage en Inde et aux Emirats arabes unis allait jeter de l'huile sur le feu, révélant que la société de recrutement, basée à Dubaï avait en fait cessé d'exister depuis décembre dernier, au bout d'une année seulement d'exercice dans le domaine de la casse des bateaux. Au moment où se précise de plus en plus l'arnaque internationale, les responsables kenyans évoquent l'éventualité de faire appel à Interpol pour arrêter les coupables. Alors que les enquêteurs poursuivent leurs investigations, un débat s'est fait jour au Kenya sur la possibilité de rembourser les demandeurs d'emploi qui ont été arnaqués dans cette opération. Ces derniers se raccrochent à une déclaration du ministre Ngutu qui a assuré que «la loi prendra à son cours» et que «personne ne sera épargné, y compris les agents du gouvernement qui ont pu avoir trompé les autorités et faire croire que cette arnaque était une réalité». L'offre de 50.000 emplois sur des bateaux de croisière, apparue pour la première fois au Kenya en juin 2001, était venue à bout de la circonspection de bien des Kenyans, pour la plupart extrêmement pauvres. Beaucoup s'etaient débrouillés pour s'acquitter des frais d'inscription auprès des recruteurs qui s'élevaient à quelque 96 dollars, dont 38 dollars pour frais d'ouverture de dossier et 58 dollars pour couvrir l'examen médical exigé par les recruteurs, soit l'équivalent de 4 mois de salaire au Kenya. Les emplois proposés étaient payés quelque 700 dollars par mois, soit deux fois le revenu annuel moyen d'un kenyan. Les Kenyans attendent toujours que lumière soit faite sur ce qui pourrait être «une arnaque monumentale», selon l'expression d'un député, même si un responsable de la société «Al Najat Marine Shipping Company» a assuré par voie de fax que l'offre d'emploi était «un projet absolument véritable», faisant état du départ des premiers recrutés à partir du 31 juillet prochain.