La compagnie Al Najat est sur le point de réaliser le tour du monde des pays fournisseurs de main-d‘œuvre arnaquée pour les bateaux de croisière. La dernière victime est le Vietnam. Le Maroc, le Kenya, la Syrie, la Jordanie, le Vietnam, la Roumanie et le Pakistan sont des pays qui disposent d'un dénominateur commun. Leurs citoyens sont privilégiés à travailler sur des bateaux de croisières de sociétés européennes. C'est la compagnie «Al Najat Marine Shipping» qui mène la danse sur une piste qui s'étale d'un bout du monde à l'autre. Mardi 23 juillet 2002, la Fédération internationale du transport (FIT) rapporte qu'elle a été contactée par un diplômé vietnamien qui a répondu à l'annonce de recrutement de 500 employés pour le compte de bateaux de croisières en Europe. La compagnie de recrutement vietnamienne Airserco a été prospectée par Al Najat en début de ce mois de juillet, a déclaré le jeune diplômé à la FIT, ajoutant que la compagnie lui a demandé de verser une avance de 2000 dollars us, ce qui lui a mis la puce à l'oreille quant à l'existence de ces emplois. Cette présence apparente d'Al Najat au Vietnam pourrait être la brèche qui fera couler la barque. David Cockroft, secrétaire général de la FIT, à déclaré à la presse : «Puisque les gouvernements (et les forces de police) du Kenya, du Maroc, du Pakistan, de l'Inde et maintenant le Vietnam, ont été incapables d'agir contre Al Najat – alors qu'ils sont conscients de ses fraudes et savent pertinemment qu'elle arnaque leurs citoyens – il faut maintenant donner carte blanche à Interpol pour qu'elle puisse arrêter les agissements de cette compagnie et mettre fin à son opération criminelle internationale». En Syrie, l'enquête menée par le journal syrien «Al Ittijah Al Akhar», renforcée par des déclarations d'officiels syriens, suscite une longue réflexion de par la nature des interrogations soulevées. La compagnie salvatrice comptait en fait recruter 250.000 syriens à expatrier sur une période de 3 ans !! Sans aucune contrepartie. Vu la conjoncture internationale actuelle, même une voyante de la pire espèce s'abstiendrait d'une telle promesse. C'est dire combien la crise de l'emploi peut constituer un gigantesque champ d'investissement, même virtuel. En juin 2001, l'offre hautement généreuse de 50 000 emplois sur des bateaux de croisières apparaît pour la première fois au Kenya. Joseph Ngutu, ministre kenyan du développement des ressources de travail, a annoncé que l'opération orchestrée par Al Najat n'était qu'un infâme canular. «Les faits enregistrés permettent raisonnablement de croire que les emplois annoncés n'existent pas», a déclaré M.Ngutu. Ce dernier a même demandé au département des investigations criminelles de mener une enquête. L'offre généreuse d'Al Najat avait conduit un bon nombre de kenyans à se débrouiller pour s'acquitter des frais d'inscription auprès des recruteurs ( 96 dollars us, dont 38 dollars pour frais d'ouverture de dossier et les 58 autres pour couvrir l'examen médical). Quatre mois de salaire au Kenya. Et puisque la plupart des intéressés sont des citoyens extrêmement pauvres, l'impact de l'arnaque a fait beaucoup de mal. Après tout, l'Afrique n'est-elle pas habituée à la pauvreté et aux divers souffrances ? Il faut dire que le choix des victimes n'est pas accidentel. Si ces pays ciblés par Al Najat ne souffraient pas d'un taux élevé de chômage, leurs populations seraient moins perméables aux manips de la compagnie super-recruteuse. Paradoxalement, le ministre marocain de l'emploi a confirmé à maintes reprises la crédibilité de cette grosse opération d'embauche. Ce qui n'a fait que ranimer l'espoir de fuir le chômage chez un lot incroyable de diplômés- chômeurs marocains de plus en plus usés par le vide dans lequel ils ne cessent de tourner. Alors que, selon M'hamed Fekkak, avocat agréé auprès de la Cour Suprême et président de l'association marocaine des consommateurs, « l'embauchage de salariés marocains au profit d'employeurs des Emirats Arabes Unis a fait l'objet d'une démarche non-conforme à la convention bilatérale entre les deux pays. » . Si cette opération est obscure, il n'y a aucun doute. Les interrogations soulevées par la presse rempliraient une trentaine de pages, sans qu'aucune d'entre elles ne trouve de réponse. S'il s'agit bel et bien d'une arnaque, il faudrait voir du côté des recrutés qui ont déjà préparé leur paquetage. Le départ n'est-il pas prévu pour la mi-août ? Alors en avant toute dans une dizaine de jours, et que cette presse perturbatrice ravale ses ragots.