Après le Kenya, le Maroc, la Syrie, la Roumanie, le Pakistan, les responsables d'Al Najat Marine Shipping sont allés exercer leur talent d'arnaqueurs en haute mer au vietnam. Al Najat Marine Shipping a refait surface au Vietnam. Ici aussi, l'agence émiratie a tenté de vendre son offre, devenue désormais célèbre, d'emplois à bord de bateaux de croisière. Quatre boîtes d'intérim locales, Oleco, Airserco, Licogi et Napeco, furent chargées de recruter pour le compte d'Al Najat pas moins de 5.000 candidats. Les critères ne sont pas difficiles : les prétendants doivent avoir un minimum d'instruction et une bonne santé physique. Le premier contingent devrait larguer les amarres le 30 septembre 2002. Selon les contrats, les heureux bénéficiaires peuvent gagner jusqu'à 730 dollars par mois en faisant un simple travail manuel sur des paquebots entre la Suède, la Norvège, l'Italie et le Royaume-Uni. Ce salaire équivaut à environ 11, 2 millions de Dong (monnaie locale). Une fortune. L'employé le plus qualifié au Vietnam ne touche pas une telle somme . D'où le rush suscité par cette grosse opération d'embauche. Des milliers de jeunes chômeurs vietnamiens ont répondu à l'annonce. Les formulaires, à remplir avant la signature des contrats d'embauche, ne sont pas gratuits : 2,60 dollars l'exemplaire. L'incontournable visite médicale coûte 700.000 Dong à débourser rubis sur l'ongle. En plus, chaque candidat doit payer 500 dollars pour pouvoir suivre un stage appelé “cours d'orientation professionnelle“.Les dossiers des postulants seront envoyés ensuite pour examen au partenaire de Airseco à l'étranger. En attendant le verdict de ce partenaire, ceux qui ne seront pas retenus ne seront pas remboursés entièrement : une somme couvrant la durée de leur formation sera déductible de la mise de départ, à savoir 500 dollars. Quant aux candidats qui passeront avec succès l'examen final, ils continueront leur stage mais doivent mettre encore la main à la poche : un supplément de 500 dollars plus une caution de 700 dollars en guise de permission de quitter le territoire vietnamien. Ce n'est pas fini. Une fois à l'étranger, les futures travailleurs sont appelés à subir un autre stage de 15 jours avec des tests de l'on sait quoi. Les candidats recalés doivent se débrouiller eux-mêmes pour rentrer chez eux. Le directeur de l'agence d'Interim Airseco, Pham Xuan Hau, a expliqué avec emphase que l'offre Al Najat est une très bonne opportunité pour le Vietnam, puisque selon lui Al Najat dispose d'un potentiel d'emplois énorme et peut recruter jusqu'à 9000 personnes. Cette affaire commence à exhaler une forte odeur d'arnaque. Interrogé, le responsable de l'agence d'intérim Oleco a d'ores et déjà déclaré :“ notre société ne peut pas rembourser aux candidats les frais de la visite médicale. Tout ce que nous pouvons faire c'est de trouver à certains d'entre eux des emplois de rechange à Dubai et aux autres à Taïwan“.C'est ce qui dans le cas d'espèce s'appelle : rouler les gens dans la farine…de poisson. En voulant naviguer dans des eaux qui ne sont pas les siennes, le Vietnam, ce pays d'eau, s'est écarté du sens profond de l'un de ses célèbres proverbes : Nous rentrons nous baigner dans notre étang. Que l'eau soit claire ou trouble, notre étang est toujours le meilleur.