La grève des agents et fonctionnaires des collectivités locales, observée jeudi et vendredi, a été ressentie dans toutes les rues. A Casablanca, les éboueurs n'ont pas ramassé les déchets ménagers. Avec la chaleur, les ordures ont rendu irrespirable l'air dans plusieurs quartiers. La grève des agents communaux sent mauvais. En trois jours, les amas d'ordures, laissés à l'abandon, ont imposé la grève des fonctionnaires des collectivités locales aux Casablancais. Les poubelles débordent de déchets. La chaleur des derniers jours a activé la décomposition des aliments, empestant l'atmosphère. Samedi après-midi, de nombreux espaces à Casablanca ressemblaient à des décharges publiques. Le mot d'ordre de cette grève a été décrété par trois centrales syndicales, la CDT, l'UGTM et l'UNTM, pour durer deux jours : jeudi et vendredi. «Mais compte tenu de la masse des ordures, les éboueurs qui ont repris leurs services n'ont pas pu débarrasser tous les quartiers», explique Mustapha Dakhouch, secrétaire général de la fédération des agents et fonctionnaires des collectivités locales, affiliés à l'UGTM (proche de l'Istiqlal). En fait, dans de nombreux endroits à Casablanca, les déchets n'étaient pas encore ramassés, dimanche à midi. Cela surprend d'autant plus que la gestion des ordures a été déléguée à des entreprises privées. Cette gestion déléguée devait permettre la collecte des déchets ménagers, le nettoyage de la voie publique, le lavage de certaines artères, ainsi que le transport des déchets à la décharge publique. Elle concerne une quantité de déchets, estimée actuellement à un million de tonnes par an. L'action des sociétés bute souvent contre les mouvements de grève, parce que le statut des éboueurs dépend encore des collectivités locales. Les salaires de ces derniers sont versés par les communes. «Je comprends que des citoyens puissent être agacés et même réprouver la grève des éboueurs, mais c'est la seule façon pour amener le gouvernement à respecter les termes de l'accord qu'il a signé avec les principales centrales syndicales», précise Mustapha Dakhouch. Cet accord a été conclu le 28 janvier 2004. Il prévoit l'augmentation des rémunérations des fonctionnaires des collectivités locales, de l'échelle 1 à 9. L'accord intervient deux ans après la signature, le 1er juillet 2002, d'une convention spéciale entre les fédérations syndicales et le ministère de l'Intérieur au terme de laquelle les fonctionnaires des collectivités locales ont bénéficié d'une indemnité mensuelle de 270 DH. Les agents pensaient qu'elle leur était acquise, quand ils ont été surpris d'apprendre que cette indemnité serait déduite de la somme globale de l'augmentation. «Le gouvernement paie seulement l'intervalle!», s'indigne M. Dakhouch. Il ajoute que la majorité des agents des communes perçoivent à peine le SMIG. «Ceux qui s'étaient réjouis d'une augmentation de 300 DH ne vont percevoir que 30», explique le fonctionnaire d'une commune. Pour faire pression sur le gouvernement, les agents communaux laissent donc les ordures fleurir dans les rues. «Nous sommes conscients de la gêne que cela procure aux habitants. Mais la grève est un droit et nous en disposons pour porter les autorités à la table des négociations». Des opérations coup de poing de ce genre pénalisent les habitants. Ces derniers peuvent comprendre le bien-fondé des revendications des grévistes, mais non pas la fâcheuse situation où ils laissent les rues. La collecte des ordures est affaire d'hygiène. Devrait-elle cesser en cas de grève ?