Le Parlement européen a adopté, mardi lors d'une séance de vote en plénière, une résolution sur la situation des droits de l'Homme dans la région du Sahel. Présenté à Strasbourg par l'eurodéputé Charles Tannock du Groupe des conservateurs et réformistes européens et membre du Parti conservateur anglais, le rapport devait initialement ne concerner que la région du Sahel sans y inclure le Maroc. Pourtant, sur les 114 chapitres de la résolution, pas moins de 17 alinéas sont consacrés à la question des droits de l'Homme dans les provinces du Sud et surtout dans les camps de Tindouf. Ce tour de passe-passe pour «gonfler» le rapport initial de Tannock n'est pas fortuit. Un responsable de la l'Unité Euromed Moyen-Orient à la Direction générale des politiques externes de l'Union européenne avait confié récemment à ALM qu'il existe au sein du Parlement européen des structures informelles qui exécutent l'agenda du Polisario lorsqu'il s'agit de dossiers marocains. «Lorsqu'il s'agira du dossier du Sahara, par exemple, un troisième groupe viendra toujours perturber le cours des négociations entre parlementaires», avait ajouté le responsable européen. Le fait est que, cette fois-ci, la résolution a également «péché» par un équilibre presque délicatement «insaisissable». Le co-président de la commission parlementaire Maroc-UE, Abderrahim Atmoun, a d'ailleurs lui-même exprimé sa satisfaction «quant au vote final sur ce rapport qui a, entre autres, relevé les violations des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf». Dans une déclaration à la MAP, M. Atmoun a rassuré sur le travail mené de concert par les parlementaires marocains et la diplomatie officielle, une évocation implicite du dernier discours de SM le Roi qui a incité à davantage d'efforts sur le dossier du Sahara. «Malgré l'acharnement des ennemis du Maroc et le dépôt massif des amendements hostiles aux intérêts du Royaume, l'action coordonnée des parlementaires marocains et la diplomatie officielle a contribué substantiellement à déjouer l'adoption des amendements malveillants contre le Maroc, notamment celui préconisant le rejet du Protocole de l'accord de pêche Maroc-UE», a expliqué M. Atmoun. Cette position hostile au Maroc, venant notamment d'eurodéputés, notamment écolos, ou poussés par de puissants lobbies, est corroborée par des eurodéputés eux-mêmes. L'eurodéputé Gilles Pargneau (Groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates) n'a pas hésité à faire savoir que, «sous couvert de l'examen de la situation des droits de l'Homme dans la région du Sahel, certains eurodéputés tentent de viser le Maroc en lui consacrant le tiers du rapport». «N'oublions pas, chers collègues, que le Maroc est l'un des seuls pays à avoir mené une vraie politique de développement dans sa région sahélo-saharienne et à avoir développé un Etat de droit respectable, efforts qui ont pu endiguer la montée du terrorisme dans cette région… L'ensemble de notre communauté internationale condamne la défaite de l'Etat de droit comme vecteur du terrorisme et pourtant certains députés européens ferment les yeux sur ce qu'a accompli le Royaume du Maroc», a déclaré Pargneau en plénière devant les eurodéputés. Dans une déclaration à la MAP, l'eurodéputé Jean Roatta (Groupe du Parti populaire européen) a rapporté que certains députés européens ont pratiquement tenté de viser le Maroc à travers ce rapport. «Si nous avions suivi la réglementation, la situation au Sahel n'avait rien à voir avec le Sahara… Certains politiques ont tenté de viser l'accord de pêche alors qu'il est en train d'être renégocié avec de nouveaux arguments pour le Royaume du Maroc qui sont très intéressants, et bientôt on le votera».