Le candidat Chirac a annoncé mardi soir qu'il refusait «toute compromission face à la haine et à l'intolérance», déclinant ainsi un débat face au leader d'extrême droite. Une «pitoyable dérobade», selon Le Pen. Ce débat-là n'aura durer que deux jours : Jacques Chirac a en effet mis un terme aux interrogations dès mardi soir en annonçant son refus d'être confronté au candidat du Front national. Dans cette campagne qui n'a décidément rien d'ordinaire, le face-à-face télévisé entre les deux prétendants à l'Elysée -auquel les Français ont droit depuis 1974- passe lui aussi aux oubliettes. Le candidat de la droite a ses arguments. «Face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible», a-t-il expliqué lors d'un meeting à Rennes, devant environ 8.000 personnes. «Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus que je n'ai accepté dans le passé d'alliance avec le Front national, quel qu'en soit le prix politique, je n'accepterai demain de débat avec son représentant». Ce que le principal intéressé n'a pas manqué de qualifier de «pitoyable dérobade». «Le président de la République n'ose pas rencontrer l'adversaire qui lui a été désigné par le peuple. M. Chirac n'a qu'à changer de peuple», a déclaré le leader du Front national. Qu'importe, Jacques Chirac l'a expliqué : «ce combat est le combat de toute ma vie. C'est un combat au nom de la morale, au nom d'une certaine idée de la France». «Je m'oppose avec détermination à ceux qui brandissent la menace de la rue, qui agitent les spectres de la force brute, de l'irrationnel et du mépris», a-t-il insisté dans un discours très dur envers le leader du FN, dont il n'a cependant pas cité le nom. Jacques Chirac, s'il avait le choix d'accepter de débattre avec le représentant de l'extrême droite française, se voit par contre imposé un discours rassembleur vis à vis de tous les Français. Même ceux «qui voulaient faire entendre leur colère, faire comprendre les difficultés de leur vie» et «sont troublés par un résultat qui dépasse leur intention». Dans ce même état d'esprit, le président-sortant est venu ce mercredi présider le dernier Conseil des ministres de l'ère Jospin et a adressé ses «salutations républicaines» au gouvernement tandis que les jeunes continuaient leur troisième jour de protestation contre la présence de M. Le Pen au second tour.