À chaque fois que des intellectuels disent la vérité sur ce qui se passe en Palestine, les sionistes se liguent pour les accuser de négationnistes. Difficile, voire impossible pour un intellectuel, un écrivain de se confiner dans une neutralité, de taire ses opinions en période de guerre. En période d'extermination. Parce que justement, peut-on avoir la conscience tranquille quand on est homme public, complice de crimes, ne serait-ce que par son silence ? La question qui n'a absolument pas besoin d'une réponse trouve tout de même sa légitimité dans ce silence des intellectuels – que certains commencent à briser- autour des massacres perpétrés par le sanguinaire Ariel Sharon et ses soldats dans les territoires palestiniens. C'est le cas notamment des prix Nobel de littérature, Woyle Soyenka et jose Saramago, pour ne citer que ces deux cas. L'un et l'autre se sont joints à des mouvements qui réclament l'arrêt des massacres et le retour de la légalité internationale dans les territoires. Saramago a été de la grande manifestation que la capitale portugaise a connue, samedi dernier. Une chaîne humaine de solidarité avec le peuple palestinien a réuni plusieurs centaines de personnes, dont l'ancien président portugais Mario Soares et l'ex-président de l'Assemblée générale des Nations unies Diogo Freitas do Amaral. La chaîne a relié les quelque 1,5 km séparant l'ambassade d'Israël et la délégation des Nations unies dans la capitale portugaise, où les manifestants ont déposé une pétition exigeant l'envoi "urgent" au Proche-Orient d'une force d'interposition de l'ONU pour la paix. Et ce n'est pas tout. M. Saramago, pour avoir dénoncé les crimes sionistes, il fait l'objet d'une campagne de dénigrement bien orchestrée. "Monsieur Saramago est un touriste humanitaire et bien-pensant", avait-on écrit dans une tribune libre du journal Libération. Avant d'ajouter que M. Saramago est allé sur place uniquement pour conforter une idée qu'il s'est faite chez lui, bien au chaud, devant sa télé, entouré de ses livres et confit dans sa bonne conscience". Selon Elie Barnavi, l'auteur de ce genre d'insanités, Saramago ignore tout de la complexité du drame qui se joue au Proche-Orient, ne comprend rien aux angoisses des peuples qui s'y font face depuis des décennies et se moque des facteurs psychologiques, démographiques, sociaux, culturels et politiques" du conflit. Les mêmes attaques vont à d'autres intellectuels, dont notamment Ilias Khouri ou Juan Goytisolo. Et comme c'est toujours le cas, on ressort la fameuse notion de négationniste et de révisionniste. Une manière pour clouer au pilori toute voix qui dit la vérité et condamne le terrorisme d'Israél…