Yasser Arafat s'est entretenu en tête-à-tête lundi avec le secrétaire d'Etat américain adjoint Richard Burns, dans le QG de Ramallah assiégé par l'armée israélienne. Selon Nabil Abou Roudainah, conseiller du président palestinien, la rencontre s'inscrivait dans le sillage des discussions que le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a eues la semaine dernière avec M. Arafat. « Le président Arafat a réaffirmé l'importance d'un retrait général, total et inconditionnel des israéliens de l'ensemble des villes, villages et camps de réfugiés de Cisjordanie », a dit Abou Roudainah. Les forces israéliennes se sont redéployées dimanche à la périphérie de Naplouse et de Ramallah, mais elles maintiennent leur siège autour de la Basilique de la Nativité, à Beit Lahm, et du QG d'Arafat. Dans ce cadre, les soldats israéliens ont saisi lundi la carte de presse de 17 journalistes travaillant pour des média internationaux qui se trouvaient, selon l'armée, dans le périmètre interdit de la Basilique. Initialement prévue à 09h00 GMT, la rencontre des deux hommes n'a commencé que peu avant 10h00 GMT et ce en raison d'une polémique née de l'interdiction par Israël de la participation aux discussions d'officiels palestiniens extérieurs au QG. Un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé qu'Ariel Sharon entendait maintenir M. Arafat «isolé», d'où ce refus. Saëb Erekat, le négociateur en chef palestinien, avait déclaré auparavant que les Palestiniens voulaient inclure de hauts responsables présents hors du QG à la réunion mais « n'en faisaient pas une condition ». Peu avant la réunion, les soldats israéliens ont empêché une trentaine de manifestants pacifistes de s'introduire dans le QG de M. Arafat. Les manifestants brandissaient des panneaux sur lesquels était notamment inscrit : « Arafat est notre partenaire » ou « Stop à l'occupation ». Une gigantesque manifestation pro-palestinienne avait eu lieu samedi à Washington pour dénoncer le soutien des Etats-Unis à Israël. Arrivé vendredi dans la région, Richard Burns a eu des entretiens avec le gouvernement israélien, puis s'est rendu samedi dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie. Là, il avait qualifié ce qu'il a vu de « tragédie humaine pour des milliers de Palestiniens innocents ». Par ailleurs, Jibril Rajoub, le chef de la sécurité palestinienne en Cisjordanie, considéré comme un modéré, a annoncé lundi qu'il avait décidé de ne pas reprendre la coordination en matière de sécurité avec les israéliens après que Tsahal eut dévasté son quartier général. La coopération israélo-palestinienne sur la sécurité constitue l'un des principaux éléments des plans pour un cessez-le-feu présentés par les Américains. Jibril rajoub, chef du service de sécurité préventive en Cisjordanie et regardé comme l'un des hommes les plus puissants du territoire, avait globalement réussi à éviter des confrontations entre les dizaines d'hommes armés sous ses ordres et les troupes israéliennes au cours des 19 mois écoulés de la nouvelle Intifada. De son côté, Terje Roed-Larsen, le coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, a déclaré lundi que sa porte restait « ouverte à tout représentant du gouvernement israélien, y compris le Premier ministre Ariel Sharon». Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, s'est dit « perturbé » par les attaques israéliennes dirigées contre M. Roed-Larsen après ses déclarations selon lesquelles les destructions dans le camp de Jénine dus à l'intervention israélienne atteignaient une « horreur qui dépasse l'entendement ». Le gouvernement israélien avait examiné dimanche la possibilité de déclarer M. Roed-Larsen « persona non grata », mais un porte-parole israélien a démenti dimanche soir que le gouvernement ait donné des consignes de boycotter le représentant de M. Annan. De son côté, Amnesty International a appelé à l'ouverture d'une enquête internationale pour « crimes de guerre » à la suite de l'intervention de l'armée israélienne dans le camp de Jénine. Enfin, Tony Blair, le Premier ministre britannique, a fait part du soutien de son gouvernement à une mission d'enquête pour faire la lumière sur ce qui s'est passé à Jénine, car tout le monde a été «choqué et scandalisé par les images» provenant de ce camp, a-t-il dit.