S'exprimant sur le détournement dont les aides humanitaires font l'objet par le polisario, Driss Hajjam secrétaire général de l'Association nationale et sociale des fils des prisonniers, martyrs et disparus du Sahara, évoque également les parties auxquelles ce véritable trafic profite. Entretien. ALM : Votre association est sur le point de rendre public un rapport sur le détournement des aides qui fait rage à Tindouf ? Qu'est-ce qui justifie le choix de cette publication et quelles sont les principales conclusions de votre rapport ? Driss Hajjam : Il n'y a pas de raisons quant aux choix du moment de publication de ce rapport. Depuis la fondation en 1999 de notre association, nous nous sommes attelés, au même titre que plusieurs autres associations, à collecter des données sur le détournement systématique, dont les aides alimentaires, ainsi que toutes les autres formes d'aides, font l'objet de la part des dirigeants du Polisario. Il fallait d'une part prendre le temps de bien s'informer, et de l'autre, vérifier la véracité des informations recueillies. Le premier constat est que ces détournements datent de très longtemps, pratiquement depuis la constitution de ce mouvement. Le rapport 2003 du Comité américain des réfugiés, ainsi que plusieurs rapports établis par des organisations des droits de l'Homme travaillant dans nos provinces du Sud, sans parler des témoignages aussi bien des prisonniers marocains à Tindouf et qui avaient été libérés en échange de sommes faramineuses et ceux des Sahraouis qui ont rejoint la mère-patrie. A cela s'ajoute le rapport publié par le Programme alimentaire mondial en 2002 et qui a fait part d'une grave crise alimentaire, due essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, au détournement dans les aides alimentaires font l'objet. D'où proviennent ces aides et à quelles parties profitent-elles ? Ces aides proviennent de l'Union européenne, de la FAO ainsi qu'ONGs notamment européennes, et dont la plus grande partie est constituée d'organisations espagnoles. Plusieurs centaines de denrées, de médicaments et de bien d'équipements sont régulièrement et systématiquement revendus par le polisario à travers des filières installées aussi bien dans le Sud algérien, notamment à Tindouf, Bechar, Laabadla et dans le Nord mauritanien, à Aïn Bentili, Choum et Nouadibou, à titre indicatif seulement, ainsi qu'au Mali. Les recettes de ces ventes frauduleuses vont à la fois à des comptes secrets des dirigeants du polisario, en Espagne et en Suisse, et pour financer les différentes actions de propagande menées de par le monde par la bande à Mohamed Abdelaziz. Une partie de ces aides profitent également à des parties algériennes de mèche avec le polisario. Les ONGs et bailleurs de fonds, sont-ils conscients de cette réalité? Après la publication des rapports précités, et dont des plus importants a été celui de l'association France-Libertés et dont l'enquête sur place à révélé les différentes formes de détournement de l'aide alimentaire par le Front Polisario, des bailleurs de fonds se sont également inquiétés de retrouver une partie de l'aide alimentaire sur les marchés précités et qui ont conclu que l'aide internationale n'est pas insuffisante mais qu'elle est tout simplement détournée. Et quand il y a une opération de contrôle de la part d'une ONG donnée, on se contente de leur montrer des constructions bâties par les prisonniers marocains détenus à Tindouf. Des prisonniers qu'on utilise également pour transporter et écouler les aides dans les marchés avoisinant Tindouf et que l'on met au service personnel des dirigeants polisariens. Que proposez-vous pour mettre fin à ces détournements ? Le Maroc a-t-il un rôle à jouer dans ce sens à votre avis ? Il faudrait que les associations marocaines sérieuses, et qui sont au fait de cette réalité à Tindouf puissent avoir la possibilité d'entrer en contact avec les ONG et les autres bailleurs de fonds du polisario. Cela permet de les informer sur le sort que connaissent des aides devant pourtant servir à des fins humanitaires. Ce contact permettra également d'informer ces organismes que leurs aides ne font que consacrer la souffrance des populations sahraouies séquestrées à Tindouf. Il faut également que la société civile marocaine soit présente là où le polisario est présent à travers ses représentations et ses délégations. Il faut mettre fin à cette logique de bouder les manifestations où le Polisario est présent. La diplomatie populaire a son rôle à jouer et il faut lui en laisser l'occasion. Une diplomatie populaire dont la population sahraouie serait le fer de lance. Des compétences, très bien renseignées sur la réalité de Tindouf et ayant une grande expérience, ne demandent qu'à être sollicitées. Le temps de la chaise vide est révolu, car une chaise vide finit par être occupée par d'autres .