Une première dans l'histoire du secteur de la justice au Maroc : près de 2.900 magistrats, membres du Club des magistrats du Maroc (CMM) parmi 3.700 que compte le corps des magistrats au Maroc, porteront dès aujourd'hui et durant toute une semaine le brassard en protestation contre le caractère intransigeant du gouvernement pour mettre en œuvre les dispositions du discours royal du 20 août 2009. «Le port du brassard par le corps des magistrats va instaurer, pour la première fois, les fondements d'une autorité judiciaire qui défende son indépendance», a affirmé à ALM Me. Yassine Moukhli, président du CMM. Dans un communiqué, le bureau exécutif du CMM a précisé que leur club se trouve obligé d'entamer «cette première modalité très civilisée de protestation», puisque le gouvernement, d'une part, n'a pas répondu à sa «demande de rencontre pour le dialogue» et d'autre part il fait «la sourde oreille», ajoute le communiqué. «Le port du brassard ne sera que la première modalité de protestation que nous observerons cette semaine. Nous prendrons d'autres décisions à propos de nouvelles modalités pour exprimer notre mécontentement si les oreilles du gouvernement restent sourdes», a souligné à ALM M. Moukhli. Dans le communiqué, le bureau exécutif du CMM a exprimé son espoir que le chef de gouvernement entame des négociations avec les magistrats afin d'empêcher les membres du CMM d'entamer d'autres modalités d'expression. Par ailleurs, les membres de bureau exécutif se sont réunis, jeudi dernier, avec un seul point à l'ordre du jour, à savoir la mise à l'écart du CCM dans la composition de la Haute Instance du dialogue national sur la réforme du secteur de la justice. À ce propos, le CMM a exprimé, dans un communiqué rendu public, son étonnement d'avoir été exclu de cette instance alors qu'il représente «plus de 2.900 magistrats parmi 3.700», tout en accusant le ministère de la justice et des libertés qui supervise le secteur de la justice d'être responsable de cette mise à l'écart. L'étonnement du CMM a également porté sur la manière relative à la proposition de la formation de la Haute Instance du dialogue national sur la réforme du système de la justice qui est, toujours selon le communiqué, noyée de personnalités de l'autorité exécutive au détriment des personnalités exerçant directement dans le secteur de la justice.