En plus du recours à la justice, les magistrats ont accordé au nouveau gouvernement un délai qui s'étend jusqu'au 15 mai prochain pour répondre à leur cahier revendicatif et ce, avant de procéder à des «démarches de protestation inédites». Les magistrats marocains sont mécontents. Peu de temps après l'adoption du programme gouvernemental, ils sont montés au créneau pour réclamer l'amélioration de leurs conditions sociales. Et ils sont prêts à aller très loin pour faire entendre leurs revendications. Dans un communiqué rendu public vendredi 27 janvier, le Club des magistrats du Maroc regroupant 1.800 magistrats, soit environ la moitié des juges du Royaume, a décidé de porter plainte contre l'Etat marocain devant les tribunaux administratifs. L'objectif étant de l'inciter à mettre en œuvre l'un des volets les plus vitaux du discours royal du 20 août 2009 sur la réforme de la justice se rapportant à l'amélioration des conditions sociales des magistrats. A l'issue d'une réunion tenue vendredi dernier à Tanger, le bureau exécutif du Club des magistrats a invité l'ensemble des magistrats du Royaume à présenter leurs attestations de travail aux présidents des bureaux régionaux dans un délai de vingt jours. Une démarche permettant à terme au Club des magistrats d'encadrer les plaintes devant les tribunaux. Le Club a, également, appelé les présidents des bureaux régionaux à se mobiliser afin de réussir cette démarche de protestation. «Dans le cadre de l'Etat de droit, nous avons le droit de recourir à la justice. Nos revendications sont justes et légitimes. Nous ne demandons que la mise en œuvre du discours royal du 20 août 2009 qui avait mis l'accent sur la nécessité de l'amélioration des conditions sociales des magistrats», souligne Yassine Moukhli, président du Club des magistrats du Maroc, dans une déclaration à ALM. «Jusqu'à présent rien n'est encore fait. Nous entreprenons cette démarche aujourd'hui pour obliger l'Etat à améliorer nos conditions sociales. Il ne faut pas perdre de vue que nous avons tenu notre congrès constitutif le 20 août 2011. Une date symbolique qui rappelle le chantier de la réforme de la justice tel qu'annoncé par le Souverain en 2009», indique-t-il. En évoquant l'amélioration des conditions sociales, les magistrats font allusion, selon M. Moukhli, à l'augmentation de leurs salaires et indemnités, le droit au logement et à la couverture sociale. A noter qu'en plus du recours à la justice, les magistrats ont accordé au nouveau gouvernement un délai qui s'étend jusqu'au 15 mai prochain pour répondre à leur cahier revendicatif et ce, avant de procéder, selon le président du Club des magistrats, à des «démarches de protestation inédites». Et ce n'est pas seulement l'amélioration des conditions sociales qui préoccupe les magistrats, ils appellent, de façon moins pressante et urgente, à la mise en œuvre de l'ensemble des volets de la réforme du secteur de la justice telles qu'ils ont été explicités dans le discours royal du 20 août 2009. Voilà un dossier chaud qui figure, incontestablement, parmi les priorités du nouveau ministre de la justice, Mustapha Ramid.