Comme partout au Maroc, les Mellalis se sont bien préparés à accueillir le mois sacré du Ramadan quelques jours à l'avance. Gâteaux traditionnels : chabakia, sfouf et briouates garnissent toujours la table du ftour alliant ainsi saveur, convivialité et recueillement. Les Mellalis sont connus pour avoir gardé intactes leurs habitudes héritées de leurs ancêtres. Le premier jour de ce mois sacré, en ville, les rues sont désertes. On n'y voit que quelques ouvriers qui se lèvent de bonne heure pour aller à leur travail ou quelques voyageurs qui se dirigent tôt vers la gare routière… Progressivement, la ville devient une destination de ces gens qui sortent de leur «refuge» ou qui reviennent de leur travail. Ils viennent en ville pour faire leurs emplettes avant la prière d'Al Maghrib. A dos d'ânes, les montagnards font leurs achats et se dépêchent de rentrer chez eux avant la rupture du jeûne. Un autre mode de vie voit le jour et la joie du recueillement fait naître le pardon dans le cœur des Mellalis. Lorsque le muezzin appelle à la prière d'Al Maghrib, les mosquées s'emplissent de fidèles qui se hâtent d'accomplir leur devoir avant de prendre le repas du ftour avec leur famille. Après l'accomplissement de la prière, chacun se réfugie dans sa demeure. Les tables se parent des plats les plus savoureux. Le jeûne, il faut l'avouer, donne envie de manger. Au ftour, c'est la harira qui désaltère en général cet appétit irrépressible après une longue journée de jeûne. Il y a aussi le thé et les différents gâteaux, une habitude dont personne ne peut se passer, à Béni Mellal. Beaucoup de familles préparent des recettes traditionnelles, alors que d'autres cherchent à garnir leur table de nouvelles «découvertes» de l'art culinaire. Après la rupture du jeûne, nombreux sont ceux et celles qui accompagnent leurs enfants à la mosquée pour la prière d'Al Ichaâ. La ville plonge dans un recueillement total. On voit des hommes, des femmes, des jeunes… qui se hâtent d'arriver à la mosquée. En général, on ne porte que des djellabas blanches pour accomplir la prière. Après les «Tarawihs», les rues se remplissent de promeneurs. Le cœur des fidèles s'illumine tels ces lampadaires qui, en reflétant leurs lumières partout, transforment la ville en un paradis terrestre. Il y a des Mellalis qui aiment se promener et d'autres qui préfèrent rendre visite à leurs proches ou à leurs voisins. Les pieux passent la nuit à prier et à lire le Saint Coran. Le Ramadan, c'est surtout l'occasion pour les familles de se retrouver autour d'un thé à la menthe et de gâteaux succulents. Les habitués des cafés, quant à eux, donnent rendez-vous à leurs amis pour y passer d'agréables moments. La nuit, les boulevards et les rues deviennent les lieux des promenades par excellence. Certains veillent en famille au moment où d'autres se couchent tôt pour se réveiller quelques heures après en vue de prendre le repas du s'hour avant que le muezzin appelle à la prière d'Al Fajr. Le mois de Ramadan, à Béni Mellal et ses régions, se passe en général dans le recueillement. C'est le mois pendant lequel les fidèles tentent de se débarrasser de leurs péchés. Les traditions de ce mois sacré sont un patrimoine culturel mellali qui reflète une société homogène. Au fil du Ramadan, les jours se succèdent mais ne se ressemblent pas. • Frix Saïd