«Le sport permet de meubler le temps libre. Vous ne pensez-pas qu'il vaut mieux bouger que dormir?» Ils sont plusieurs à s'accorder sur le fait que pratiquer du sport durant le mois de Ramadan est bénéfique au point d'en faire une tradition ponctuelle. Ceux qui n'en faisaient pas s'y mettent et les accoutumés en font un peu plus. Tout le monde peut le constater sur les terrains vagues squattés par des jeunes en tenue de sport ou encore dans les jardins où l'on se prête à des séances d'étirement après un jogging essoufflant. Pour répondre à ce grand engouement pour le sport, le programme national « Sport pour tous », parrainé par le secrétariat d'Etat chargé de la Jeunesse, propose chaque Ramadan un programme sportif aux amateurs. «Nous avons deux espaces à Rabat : El Kamra et Ibn Sina où nous proposons diverses disciplines tous les jours de 16h à 17h30», indique Abderrahim Guelzim, délégué du secrétariat d'Etat chargé de la Jeunesse à Rabat. Mordus du sport, ils sont plus de 400 personnes, hommes, femmes et enfants, à faire le déplacement à l'espace en plein air d'Ibn Sina pour ne pas rater les séances d'aérobic et de gymnastique. «Nous proposons également une initiation au basket-ball et au ping-pong. Mais c'est surtout l'aérobic et la gymnastique qui attirent la majorité», précise M. Guelzim. Le secrétariat d'Etat assure un encadrement en confiant l'organisation des exercices sportifs à ses fonctionnaires. «Il y a, en fait, deux cadres par discipline. Ils suivent et initient les amateurs afin qu'ils pratiquent les mouvements sans problème», souligne le délégué. A El Kamra, ce sont les jeunes des associations de quartiers qui en profitent le plus. Des tournois de foot et de mini-foot y sont prévus au cours de ce mois sacré. En temps normal, l'activité sportive n'est pas aussi dense : «Nous avons essayé au départ d'instaurer le programme «Sport pour tous» chaque week-end. Mais, ça n'a pas marché, alors nous nous sommes limités au dimanche de 10h à 12h», affirme M. Guelzim. La disponibilité, au point de vue temps, peut très bien justifier ce penchant pour le sport uniquement durant le mois de Ramadan. Mais, il ne faut pas oublier que cela doit se faire dans les règles de l'art, c'est-à-dire, en prenant compte de son état de santé. «Il faut toujours bouger pour sauvegarder sa santé. On conseille même aux personnes qui ont été opérées pour des cardiopathies et dont l'état de santé s'est stabilisé, 1h30 à 2h de marche ou encore de faire de la natation, du vélo et autres», indique le Dr. Redouane Mesbahi, professeur de cardiologie au CHU Ibn Sina à Rabat. Selon ce spécialiste, les personnes souffrant de maladies cardiaques sévères doivent se contenter d'un peu de gymnastique en salle et éviter les sports nécessitant beaucoup d'effort comme le jogging. Le sport doit donc correspondre à la capacité du corps, donc à son état de santé. «Quel que soit l'état de santé d'une personne, il vaut mieux que le sport soit exercé, durant le Ramadan, la matinée et non pas en fin de journée où la glycémie baisse le plus», estime le Pr. Amal Bourquia, néphrologue et présidente de l'Association «Reins». Force est de constater que c'est le contraire qui se produit, puisque la majorité s'adonne au sport à la fin de la journée. La question de disponibilité ne peut pas légitimer les risques éventuels (hypoglycémie) pour la santé. Alors, il vaut mieux faire vos séances après la rupture du jeûne !