ALM : Quelle est la définition de la prématurité ? Omar Mekouar : La prématurité est l'état attribué à un enfant né avant terme. On distingue trois grandes phases de prématurité. La première s'intitule la prématurité sévère. Elle concerne les enfants nés avant 28 semaines d'aménorrhée. La seconde est la prématurité modérée. Cette notion s'applique aux enfants nés entre 28 et 34 semaines d'aménorrhée. On parle de prématurité légère, lorsque l'accouchement se produit entre 34 et 36 semaines d'aménorrhée. Quel est l'état des lieux de la prématurité au Maroc ? Il y a un déficit d'unités de réanimation néonatale et de personnel aussi bien médical que paramédical. Le nombre des unités de réanimation néonatale bien équipées est très insuffisant. Dans le privé, on compte, à titre d'exemple à Casablanca, 4 ou 5 unités. En outre, le manque de médecins et de personnel paramédical bien formés en réanimation néonatale est une autre problématique. De plus, le nombre de couveuses en moyenne est de deux par clinique. Par ailleurs, le taux de mortalité chez les prématurés est très élevé. Il est estimé de 40 à 50 pour 1000. Cette situation est due à une mauvaise prise en charge, au manque de moyens financiers, à l'absence d'une couverture médicale généralisée et surtout au manque d'informations. Quel est le nombre de nouveau-nés prématurés par an ? Nous ne disposons pas de chiffres exacts. Nous n'avons même pas le taux de naissance globale par an! Mais, l'incidence de la prématurité au Maroc est évaluée de 5 à 7% des naissances. Si on avait le taux d'accouchement global par an, on aurait pu déduire le nombre des nouveau-nés prématurés. Qu'en est-il de la prise en charge du nouveau-né prématuré ? Dans le secteur privé, la prise en charge de la prématurité est très chère. Le bébé prématuré est très vulnérable dans les premiers mois de sa vie. Ceci explique l'important dispositif, tant matériel qu'humain qui entoure le nouveau-né. Une présence médicale et paramédicale 24 h/24h est nécessaire pour surveiller toute évolution de l'état de santé du bébé. C'est pourquoi le coût des soins est très élevé. Pour un nouveau-né prématuré placé sous machine (système de réanimation respiratoire), le coût est estimé à 5000 dirhams par nuit. Alors qu'un nouveau-né prématuré ne nécessitant pas de machine pour le maintenir en vie mais uniquement une surveillance, le prix est environ de 3000 dirhams la nuit. Seules les familles solvables ou bénéficiant de couverture médicale peuvent faire appel aux prestations des cliniques privées. C'est pourquoi la généralisation de la couverture médicale est très importante pour favoriser l'accès des familles démunies aux soins. Un suivi médical est-il nécessaire pour le prématuré après sa sortie de la clinique ? Après quelques semaines de gestation, l'équipe médicale décide du moment de la sortie du bébé pour découvrir le foyer familial. Les parents doivent prêter une attention toute particulière au nouveau-né prématuré. Un suivi après sa sortie de la clinique est très important. Le pédiatre s'assure de l'évolution de l'état de santé du bébé, notamment de son état neurologique. Il vérifie également son poids. En somme, une surveillance pédiatrique est nécessaire pour le prématuré après sa sortie de la clinique. Est ce qu'un bébé peut présenter des séquelles de sa naissance prématurée ? Oui, le prématuré peut présenter certains troubles. Les séquelles dépendent du degré de prématurité. Dans le cas de prématurité sévère, il y a un risque de séquelles neurologiques irréversibles et pulmonaires. Peut-on éviter un accouchement prématuré ? Oui, il est possible d'éviter un accouchement prématuré. Pour cela, la future maman doit se reposer. Elle doit éviter toute activité physique intense et fatigante. Le transport en commun peut être une source de fatigue. Au cours de sa grossesse, la maman ne doit pas l'utiliser. Autre élément très important, la surveillance mensuelle de la grossesse. Elle doit faire certains examens tels que l'échographie et l'examen du col utérin, pour dépister les risques d'une naissance prématurée en vue de pouvoir l'éviter. En somme, il faut prôner la médecine préventive et non la médecine curative.