«Arrivés trop tôt», c'est l'intitulé d'un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé portant sur les naissances prématurées. L'OMS rappelle que « sur les 15 millions de naissances prématurées, chaque année, plus d'un million de bébés meurent, c'est la deuxième cause de mortalité infantile, alors que grâce à des traitements peu coûteux, 75% d'entre eux pourraient survivre. Quand une femme jeune bien portante n'a pas ses règles, la première des choses qu'elle fait c'est de s'assurer qu'elle est enceinte. Lors de cette première consultation au tout début, le gynécologue ou le médecin traitant fait un examen complet pour affirmer ou infirmer une grossesse. En principe le praticien explique longuement à la jeune femme ou au couple, ce qu'est une grossesse et que celle-ci dure normalement 41 semaines à partir du 1er jour des dernières règles (semaines d'aménorrhée) ou 39 semaines à partir de la date de fécondation, qui a lieu environ 14 jours après le début des dernières règles. Mais il est possible que le bébé naisse avant que vous ayez pu compter jusqu'à 41 (semaines d'aménorrhée), notamment en cas de grossesse à risque ! Cependant, si votre bébé vient au monde entre la 37ème et la 41ème semaine d'aménorrhée, il sera considéré comme un enfant «né à terme». En revanche, s'il naît avant 37 semaines d'aménorrhée, il sera considéré comme un enfant «prématuré», c'est-à-dire né trop tôt. Les différents niveaux de prématurité Lors d'un accouchement avant terme, c'est grâce au calcul du nombre de semaines d'aménorrhée que l'équipe médicale, qui vous entoure avant et après l'accouchement, évalue le niveau de prématurité de votre bébé. On distingue 3 niveaux différents : La prématurité moyenne pour les bébés nés entre la 33ème semaine et la 37èmesemaine d'aménorrhée; La grande prématurité pour les bébés nés entre la 28ème et la 32ème semaine d'aménorrhée (incluse); l'extrême prématurité pour les bébés nés avant la 28ème semaine d'aménorrhée De plus en plus de naissances prématurées Il faut savoir qu'aucune femme n'est à l'abri d'un accouchement prématuré, d'où l'importance d'être à l'écoute de son corps et de prendre toutes les précautions qu'exige la grossesse. Concernant les chiffres, 15 millions d'enfants qui viennent au monde chaque année sont prématurés, soit plus d'une naissance sur dix. Dans certains pays occidentaux, la fréquence de la prématurité varie de 2 à 7 %, La prématurité touche également les Etats-Unis, où un demi-million d'enfants (soit environ un bébé sur huit) naissent avant terme. Alors qu'en Afrique ou en Asie celle-ci est évaluée entre 10 et 13 %. Ce qui est certain, c'est que le nombre de naissances prématurées augmente légèrement chaque année. Au Maroc la prématurité est estimée à près de 6,6 %. L'OMS indique aussi que les trois quarts des décès pourraient être évités en appliquant des traitements simples tels que l'enseignement de la «méthode kangourou», qui consiste à porter le bébé contre la poitrine pour qu'il ressente de la chaleur. Naissances prématurées : quels enjeux ? Une intervention urgente est nécessaire pour traiter l'enjeu concernant les 15 millions de bébés nés prématurément, selon les estimations, particulièrement parce que les taux de naissance prématurée augmentent chaque année. Il s'agit d'un aspect essentiel pour réaliser des progrès en vue d'atteindre l'objectif du Millénaire pour le développement (OMD) qui vise la survie des enfants d'ici 2015 et pour les années à venir, étant donné que 40 % des décès chez les moins de cinq ans surviennent chez les nouveau-nés. Ces mesures permettront également d'apporter une valeur ajoutée aux investissements effectués au profit de la santé maternelle (OMD 5) Quant aux bébés qui survivent, ceux-ci présentent un risque accru de déficience, imposant une lourde charge de responsabilité pour les familles et les systèmes de santé. Les causes des naissances prématurées Les causes de ces naissances précoces ne sont pas les mêmes au niveau des différents pays de la planète. Dans les pays sous développés, pauvres ou défavorisés ce sont les grossesses précoces des adolescentes qui représentent la majorité des naissances prématurées, il y a aussi le tabagisme, les infections multiples, le paludisme, le VIH, la malnutrition, la maigreur ou l'obésité, les violences physiques subies par la maman... Dans les pays développés, au contraire, c'est l'âge plus élevé des mères (40 ans et +) ainsi que le recours croissant aux inducteurs d'ovulation et aux grossesses multiples qui en résultent qui sont mis en cause. Il y a aussi l'état psychologique de la mère (stress, dépression, traumatisme) surtout pour les femmes actives et celles qui occupent des postes de responsabilités. Le long voyage, les secousses, la chaleur. La grande température provoque la déshydratation par manque de consommation d'eau… Toujours dans le registre des causes, on relève les grossesses multiples, les maladies chroniques, telles que le diabète et l'hypertension; cependant, il arrive fréquemment qu'aucune cause n'ait été identifiée et certaines naissances prématurées surviennent spontanément. La génétique exerce également une influence sur ce plan. Une meilleure compréhension des causes et des mécanismes permettra de faire progresser l'élaboration de solutions de prévention. Il est certain qu'il est difficile d'agir sur tous les facteurs pouvant entrainer une naissance prématurée. Cependant, il est important de réduire certains facteurs favorisant la prématurité, comme le tabac et de respecter le rythme des consultations prévues pour le suivi de votre grossesse. Un changement est possible La réduction des naissances prématurées et l'amélioration de la survie des enfants sont des objectifs ambitieux, mais ils sont légitimes. Le Maroc s'en est investi depuis fort bien longtemps. Dans cette voie, on met au point des programmes destinés à améliorer la santé maternelle et infantile et des actions qui visent à assurer à chaque enceinte un suivi personnalisé de sa grossesse. L'objectif étant une maternité sans risques. Au Maroc, le Ministère de la Santé a réalisé beaucoup de progrès en ce qui a trait à la réduction du nombre de décès maternels, néonatals et infantiles depuis la détermination des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés par les Nations Unies et auxquels le Maroc a souscrit aux côtés des 191 Etats membres des Nations Unies qui ont convenu de s'efforcer de les atteindre d'ici 2015. A côté des actions qui sont menées par le ministère de la Santé et les autres départements ministériels tel l'accompagnement des futures mères en difficulté économique ou sociale. Le développement de la lutte contre le tabagisme et autres conduites à risque… Chacun de nous doit aussi se poser des questions sur ce qu'il peut faire à son niveau pour participer à la prévention de la prématurité dans notre pays. Nous devons prendre conscience que les pouvoirs publics ne sont pas les seuls concernés par la prévention de la prématurité. En laissant passer une femme enceinte à la caisse d'un magasin, en lui laissant une place assise dans le bus ou le train, en proposant à la voisine dont le mari travaille loin et tard, habitant au 4ème étage sans ascenseur de lui ramener quelques courses ou de conduire ses enfants à l'école... Je suis convaincu, comme vous tous qui lisez cette page, comme tous ces millions de Marocaines et de Marocains qu'ensemble les professionnels de santé, les décideurs politiques, la société civile, les parents, nous pouvons tous nous engager pour atteindre un objectif commun qui est celui de tout mettre en œuvre, chacun à son niveau, pour que toutes les grossesses soient désirées et se déroulent sainement, que toutes les femmes survivent, ainsi que tous leurs bébés, y compris ceux qui sont arrivés trop tôt, grâce à un début de vie favorable qui permettra aux enfants de prospérer et aux adultes de réaliser leur potentiel. Chacun peut être un acteur actif dans la prévention et la lutte contre la prématurité. Ensemble des changements sont possibles. D'ici là portez-vous bien.