Une photo lors des funérailles du Président Palestinien, au demeurant symbolique, suffisait pour témoigner de la gratitude du peuple palestinien vis-à-vis de l'Etat Français : la photo de la visite du Président français, Jacques Chirac, à feu Yasser Arafat . D'ailleurs, Jacques Chirac fut le dernier chef d'Etat à rendre visite au Président palestinien à la Moukataâ. En plus, les drapeaux de la France, sur lesquels le mot « Merci » était inscrit étaient fièrement arborés par des Palestiniens en larmes. Ces témoignages, renseignent sur les liens privilégiés entretenus par la France avec l'Etat palestinien. En témoignent, les adieux de chefs d'Etat, réservés au président de l'Autorité palestinienne. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, accompagné par plusieurs membres du gouvernement, a présidé une « cérémonie du départ » sur l'aéroport militaire de Villacoublay. En fin de matinée, le président Jacques Chirac, avait rendu un dernier hommage à Yasser Arafat à l'hôpital Percy, où il s'était recueilli une dizaine de minutes, seul, devant le corps du Président de l'Autorité palestinienne. Elias Sambar, directeur de la Revue d'études palestiniennes, a salué sur LCI la façon dont la France a honoré jusqu'au bout Yasser Arafat. « C'était vraiment une cérémonie d'Etat à Etat, un très très grand symbole », a-t-il déclaré sur LCI. En tout début de matinée, Jacques Chirac avait adressé ses condoléances à la famille et aux proches de Yasser Arafat et au peuple palestinien, dès la confirmation du décès du « Raïs ». Il avait alors salué « l'homme de courage et de conviction qui a incarné pendant 40 ans le combat des Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits nationaux » et exprimé « l'amitié de la France et du peuple français » à leur égard. En accueillant les derniers jours de Yasser Arafat, la France a fait un retour symbolique sur la scène proche-orientale, un essai qu'elle entend bien transformer en cas de relance du processus de paix. Elle a en effet conforté son image d'amie des Palestiniens dans le monde arabe. Elle a aussi démontré son rôle auprès de l'une des parties du conflit israélo-palestinien, et se présente d'avance comme un partenaire incontournable des efforts internationaux. Toutefois, au-delà des considérations humanitaires, les seules mises en avant officiellement, Paris a sans doute pesé le pour et le contre de la venue d'Arafat. « En le recevant, la France a conforté aux yeux des Israéliens sa réputation d'alliée objective des Palestiniens, ayant une position déséquilibrée dans le conflit. Mais cela ne change pas grand-chose, puisque cette mauvaise image préexistait », explique Pascal Boniface de l'Iris, de l'Institut de relations internationales et stratégiques . D'un autre côté, en abritant l'agonie d'Arafat, Paris a retiré une épine du pied à Ariel Sharon. Le Premier ministre israélien aurait été rendu largement responsable de la mort du leader palestinien à Ramallah, dans les conditions déplorables d'enfermement auxquelles il l'avait condamné. Par deux fois, Paris est en effet venu au secours du leader palestinien. En août 1982, la Marine française l'a évacué de Beyrouth où il était encerclé par l'armée israélienne. En novembre 1983, les Français l'ont extirpé de Tripoli (Liban nord) assiégé par les Syriens. Au fil des ans, la France est ainsi devenue le plus fidèle soutien des Palestiniens, au grand dam des Israéliens. Les Palestiniens ne sont pas ingrats. Au début des années 80, après l'attentat antijuif de la rue des Rosiers, leurs services de renseignements ont activement coopéré avec leurs homologues français, qui traquaient Abou Nidal. Au sein du monde arabe, les Palestiniens entretiennent l'image de la France : ils vantent son activisme, sans lequel la déclaration de Venise où pour la première fois les Européens ont reconnu leurs «droits légitimes » n'aurait jamais été adoptée en 1980.