Fin des années 50. La France, comme le reste de l'Europe, affronte une récession économique critique. Les coupures budgétaires touchent l'ensemble des secteurs, notamment l'industrie, et une vague de licenciements et de grèves s'abat sur le pays. Renault affronte alors l'une des pires crises de son histoire. Ainsi, pour le salut et la survie de «tous», le constructeur français entame une série d'innovations mécaniques, techniques et esthétiques que «le monde de l'automobile» lui revaudra à jamais. Renault mise sur les berlines de petites tailles (Dauphine Gordini, la Floride, la Floride S, Caravelle, Renault 8, Renault 8 Major). Et ça marche ! Toutefois, après l'arrêt de la production de la «Frégate» en 1960, les catalogues du losange n'avaient aucun modèle haut de gamme à présenter. Plusieurs projets expérimentaux sont alors mis à l'étude. La Renault 4 et la Renault 8 sortiront en 1961. Il a fallu attendre 1964 pour que la presse entende parler d'un nouveau modèle Renault haut de gamme. Une voiture conçue par Yves George, alors directeur des études (1956-1976) et père de la 4L et de la R5. Philippe Charbonneaux – designer industriel, issu de l'aviation, spécialisé dans l'automobile et créateur du «bureau de style» chez Renault- s'occupait, lui, de la robe. Un tandem de choc, toujours gagnant. La presse s'attend, pour sa part, à une nouvelle bonne surprise. Renault ouvre en 1965 une usine à Sandouville (France) et démarre immédiatement ses machines. La nouvelle Renault est rapidement présentée à la presse le mois de janvier. Le résultat est surprenant, les spécialistes convaincus et la Renault 16 née. Véhicule aux proportions moyennes, le design est celui d'une quatre portes familiale, toutefois à l'allure luxueuse. Le hayon et les banquettes rabattables permettaient sept combinaisons d'intérieur, une première pour une voiture de cette gamme. Le public découvre la R16 lors du Salon de Genève de mars 1965. Trois versions sont alors présentées (L, GL et GLS), toutes équipées d'un bloc moteur de 1,4l en aluminium (55 cv) qui fera ensuite carrière dans l'Alpine. La voiture est également équipée de barres de torsion, un fonctionnement indépendant des roues, ainsi qu'un circuit de refroidissement fermé avec ventilation automatique. Des nouveautés techniques apportées par Yves Georges qui ont fait le succès du modèle. Un an après sa commercialisation, la Renault 16 est logiquement élue Voiture de l'année par la presse européenne. La Renault 16 connaîtra par la suite une décennie de pur bonheur et des modèles inoubliables tels que la TS équipée d'un moteur 1,6 litre (1968), ou encore la TX (1973), équipée d'un moteur de 1647cm³ pour 93 ch, une boîte cinq vitesses, des vitres électriques à l'avant, la fermeture centralisée des portes, quatre phares avant carrés, des jantes type Gordini… 1980 marquera l'arrêt définitif de la production des modèles R16, après 14 ans et 1 845 959 exemplaires produits. Cependant, les amoureux de la Renault 16 continuent pour leur part à perpétuer ce qu'ils considèrent comme un bout d'histoire et de souvenir. Un morceau de l'âme de toute une époque.