La région du Souss-Massa-Drâa est réputée pour le tissage des tapis. Au fait, les femmes de la région confectionnaient, depuis des générations, des tapis avec des caractéristiques et des motifs propres à la région. En couleurs vives et tailles différentes, les tapis de Taznakht constituent, ainsi, des modèles de tableaux peints des mains habiles de femmes de cette région. Des tableaux qui racontaient leurs histoires et exprimaient leurs préoccupations. «Le tissage des tapis est un apprentissage qui se transmettait de génération en génération. La mère et toutes les autres femmes membres de la famille détenaient ce savoir et devaient l'apprendre à leurs filles. La conservation des tapis s'est longuement faite en s'appuyant sur le legs de ce savoir. L'habileté dans le tissage est même l'un des critères qui mettaient en valeur les talents d'une nouvelle épouse au niveau de la région», souligne Mbarka, tisserande. Peuplé d'un ensemble de motifs créés grâce aux talents de ces femmes, le tapis de la ville de Taznakht regorge de signes et de formes géométriques. On trouve, ainsi, des carrés, triangles, cercles et des symboles de Tifinagh qui expriment l'identité amazighe. Tel une toile, le tapis de la ville se laisse habiter tantôt par des figures animales, tantôt par des signes. Parmi ces symboles, on trouve des dessins d'oiseaux, de chameaux et des lampes. Ces différents motifs tirent leurs existences du quotidien de ces femmes. A travers leurs œuvres, elles expriment aussi leurs émotions et s'offrent des moments d'évasion. Quant au choix des couleurs, il revêt une grande importance. En effet, on remarque, au niveau de la région, l'existence de couleurs chaudes tel l'orange, le jaune et le rouge. Parallèlement, les femmes tisserandes s'organisent bien pour laisser libre cours à leur imagination. «Si la matinée était consacrée aux travaux ménagers et aux différentes tâches que la femme devait assurer dans le monde rural. L'après-midi et les temps libres constituaient les moments opportuns pour s'adonner au tissage. Il y avait des femmes qui s'organisaient pour travailler en groupe tout en discutant. D'autres femmes préféraient travailler chez elles et toutes seules ou accompagnées de leurs filles», explique Mbarka. «Le moment du tissage était aussi un moment d'évasion pour les femmes. Elles échappaient ainsi à leurs quotidiens en se rencontrant pour tisser, discuter et s'épanouir», enchaîne-t-elle. Cependant, le tissage n'est qu'une des étapes de la confection du tapis. La préparation de la laine reste une phase primordiale pour confectionner un tapis. «Les femmes coupent également les toisons des moutons et préparaient la laine dans les canaux d'irrigation. Elles assèchent, brossent et séparent la laine en la transformant en fils», détaille Mbarka. Une deuxième phase est alors au rendez-vous. Les fils de laine doivent être teintés. «Les femmes rinçaient et teintaient les fils de laine avec des liquides extraits des plantes saisonnières de la région. Et dès lors, elles commencent à confectionner leurs tapis», souligne-t-elle. Notons qu'on distingue deux types de laine. Une laine appelée vivante et extraite d'un mouton encore vivant et une laine morte extraite des toisons d'un mouton égorgé. Et c'est le tapis confectionné à partir d'une laine vivante qui demeure de qualité. Certes, ce genre de tapis a presque disparu à cause des sécheresses successives. C'est pourquoi, la laine vivante a été remplacée par celle des moutons sacrifiés ou celle de la laine industrialisée. S'il en est ainsi, le tissage des tapis au niveau de la ville de Taznakht est devenu aujourd'hui un moyen de développement social. En effet, plusieurs femmes se regroupent en coopératives pour confectionner des tapis qui sont ensuite dirigés vers le marché national, local ou international. Signalons que le tapis de Taznakht a été également retenu comme l'une des facettes de l'artisanat régional à revaloriser et accompagner par la stratégie de développement régional pour l'artisanat au niveau de la région du Souss-Massa-Drâa.