C'est dans une ambiance des plus agréables que le spectacle grandiose «Karacena» (pirates), biennale des arts du cirque et du voyage, a clôturé mardi 27 juillet à Salé son édition 2010. Organisée sous l'égide de SM le Roi Mohammed VI, par l'Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire, cette parade mêlant feu, lumières et folie a charmé les jeunes et les moins jeunes du 21 au 27 juillet. A l'espace «Borj Lemraya», une centaine d'artistes: acteurs, chanteurs, gens du cirque mais aussi techniciens de lumière et de son ont offert à un public venu en masse, un spectacle éblouissant et unique racontant le monde de la piraterie et des mers: la sarabande du Flying Dutchman mise en scène par l'auteur et metteur en scène Laurent Gachet. Car impossible de raconter la piraterie sans évoquer le plus célèbre du mythe de la marine à voile, l'histoire du hollandais volant, le spectacle convoque son mystérieux bateau fantôme. Son retour à Salé se fait dans une sarabande mémorable. La sarabande du Flying Dutchman, un grand spectacle de feux et de merveilles mais aussi une fusion entre les arts et l'histoire sur un site millénaire qui pendant des siècles a abrité des histoires aussi mythiques que le thème du spectacle. Le spectacle interagit avec l'espace qui déploie son mystère. Et c'est comme si tous les habitants oubliés des remparts de Salé transgressaient le tabou de la mort, ils se dévoilent au monde dans une sarabande mortellement séduisante, débridée et dangereuse. Au signal du feu, le sortilège artistique invite le spectateur, aventurier d'un soir à franchir les mondes enfouis, peuplés de songes et de remords, de folies et de couleurs. Et puis encore au signal du feu l'histoire de la mer et de la mort, histoire des pirates maîtres incontestés des mers se mettent à l'abordage de voiliers, pillant, tuant, dansant, chantant et criant des mots venus de loin, de langues réelles et inventées. Et encore et toujours au signal du feu, des hommes, des femmes, des morts, des monstres de 12 mètres en feu, des funambules, des acrobates et des êtres venus de la mer, racontent l'histoire des pirates jouant des hommes et décidant la vie et la mort. C'est en hommage au passé de la ville de Salé, à l'aventure de la flibuste et aux mystères de la mer et des rivages lointains que Karacena puise dans la mémoire de la cité corsaire pour projeter ses trames fictionnelles et sa dramaturgie de ses scénarios. Un projet unique qui défend une exigence artistique accessible au plus grand nombre et fait le pari de l'expérience artistique au centre du développement individuel, explorant tous les chemins de la création, des formes les plus simples aux plus monumentales et spectaculaires. Pour son édition 2010, la biennale des arts du cirque et du voyage de Salé a proposé trois créations et 16 présentations avec la collaboration de 350 participants dont 120 artistes nationaux et internationaux. Organisé en partenariat avec l'association Karacena et l'école du cirque Chemsi, Karacena 2010 a pour ambition de franchir une étape supplémentaire dans la reconquête d'un espace symbolique au cœur de la ville de Salé. Fasla lamiaa (MAP)