La cité salétine a revécu mercredi soir, le temps d'un spectacle grandiose "Karacena 2010: Danse avec les fous" une pan de son glorieux passé corsaire. Cette biennale des arts du cirque et du voyage, dont l'aventure prendra fin le 27 juillet, est une invite à la découverte de la flibuste Salé et des mystères de ses rivages lointains. Organisée sous l'égide de SM le Roi, par l'association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire, cette parade puise dans la mémoire de la cité pour projeter ses trames fictionnelles. Elle permet ainsi au public de redécouvrir et de se réapproprier l'espace du spectacle, borjs et fortifications de Salé, qui déploiera durant sept nuits toute sa puissance suggestive et son mystère. A l'espace +Borj d'Moue+, plus de 350 protagonistes ont transporté le public slaoui dans le temps vers une autre ère, celle des corsaires salétins qui ont écumé les côtes de la Perse à l'Islande, ramenant dans leurs cales captifs, trésors et merveilles. Le regard curieux et avide, des centaines de spectateurs slaouis ont suivi hier trois parcours spectacles retraçant le monde onirique des corsaires (les captifs, les rançonneurs, les naufrageurs, le trésor de la course). Dans un décor époustouflant qui donne au spectateur l'étrange sensation de se trouver en dessous du niveau de la mer, sur une langue sableuse entre murailles et rochers, le premier spectacle "Les naufrageurs" invite les spectateurs sur l'île des naufrageurs pour un voyage initiatique au cœur d'un village sans nom. Les mots, les gestes, la danse, le feu, tout conduit vers l'ultime rencontre de cette quête dans la bouche du diable. La deuxième création "le trésor de la course" invite à une visite inédite du trésor des pirates de Salé, sous la forme d'un musée imaginaire, présente les toiles supposées avoir été dérobées par les flibustiers au cours de leurs raids. Une projection sur la muraille propose aux spectateurs d'étranges galeries de peintures. A "Borj Lakbir" et sous un chapiteau implanté près des remparts qui bordent l'ancien cimetière côtier, un spectacle de cirque contemporain mêlant danse, prouesses et musique vivante a conté l'histoire d'un amour impossible entre Blanca, princesse catholique espagnole et Aben-Hamet, descendant de l'illustre famille des Abencerages établie à Grenade au temps du sultan Boabdil. Karacena 2010, organisé en partenariat avec l'association Karacena et l'école du cirque Chemsi, a pour ambition de franchir une étape supplémentaire dans la reconquête d'un espace symbolique au cœur de la ville de Salé. La biennale fait également le pari de l'expérience artistique placée au centre du développement individuel, explorant tous les chemins de la création.