La présentation en France de l'édition 2010 de Karacena, biennale des arts du cirque et du voyage de Salé, prévue du 21 au 27 juillet prochain, traduit une volonté de donner un rayonnement international à ce rendez-vous artistique estival de la ville de Salé, a déclaré jeudi soir à Paris Mme Touraya Bouabid, fondatrice et initiatrice de cet événement. Cette biennale de production solidaire et de cirque équitable, fondée en 2005, tisse un lien entre histoire, mémoire, patrimoine et création contemporaine, a souligné Mme Bouabid devant un parterre de journalistes et de professionnels représentant différents médias français. Fondée sous l'égide de l'Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire (AMESIP), présidée par Mme Touraya Bouabid, Karacena existe désormais en tant qu'association indépendante et défend l'idée de l'exigence artistique accessible au plus grand nombre. Cet évènement artistique solidaire rassemble des artistes des deux rives de la Méditerranée, réunis pour une mise en valeur du patrimoine de la ville de Salé et une participation au développement d'une politique artistique durable, a-t-elle ajouté. Projet unique au Maroc, la biennale de Salé accompagne l'essor de la ville et procède d'un concept novateur : créer et transmettre une expérience hors pair de symbiose entre des artistes, une ville et ses habitants. Après les éditions 2006, baptisée "Les artistes à l'abordage de la ville", et 2008, "Les Enfants du Bouregreg", Karacena 2010 investira le cadre grandiose des remparts de Salé où les "borjs" et les fortifications le long de l'Océan Atlantique seront scénographiés dans une atmosphère imprégné du glorieux passé de la "Cité des Corsaires", a souligné Laurent Gachet, directeur artistique du spectacle. Les Slaouis seront ainsi invités à découvrir en "La Nouba du Cirque", dans un chapiteau implanté près des remparts bordant l'ancien cimetière côtier, l'histoire d'un amour impossible entre Blanca, princesse catholique espagnole et Aben-Hamet, descendant de l'illustre famille des Abencerages établie à Grenade au temps du Sultan Abou Abdellah (Boabdil). Cette création artistique, librement inspirée de la nouvelle de Chateaubriand intitulée "Le Dernier Abencerage", est réalisée avec le concours des apprentis artistes de l'Ecole Nationale de Cirque Shems'y, entourés de musiciens et de solistes internationaux, a ajouté M. Gachet, lui-même fils d'un navigateur de l'aéronavale né à Salé. A travers "Les Naufrageurs", on s'invitera dans un site naturel, qui donne au spectateur l'étrange sensation d'être en-dessous du niveau de la mer, sur l'île des naufrageurs pour un voyage initiatique. Entré en pleine caverne magique, le public découvrira en "Le Trésor de la course" les objets précieux amassés par les pirates de Salé. Sous la forme d'un musée imaginaire, ce spectacle présente les toiles supposées avoir été dérobées par les corsaires au fil de leurs raids. Une projection sur la muraille propose aux spectateurs des galeries de peintures, commentées par des conteurs, une autre version de la "Halka" populaire, a souligné l'ancien directeur général et artistique de l'Ecole Nationale du Cirque Fratellini. Ces spectacles et d'autres encore seront joués notamment par les élèves de l'Ecole nationale du cirque Shems'y. Cette école, la première au Maroc, offre une formation artistique professionnelle en alternance préparant à une carrière internationale. A travers ce mode de formation, les jeunes apprentis se retrouvent confronter à la réalité du métier d'artiste de cirque, prenant ainsi conscience de leur place dans la société, de l'importance d'un projet commun pour l'épanouissement individuel, de la nécessité de s'approprier un langage corporel et artistique singulier pour exprimer le monde qui les entoure. De surcroît, ces temps professionnels d'immersion dans le métier sont des accélérateurs d'apprentissage qui gomment la fracture de l'insertion professionnelle au sortir de la formation.