On a souvent tendance à plier bagage pour découvrir des horizons nouveaux. Des lieux que nous explorons, d'un moment à l'autre, pour savourer le charme pittoresque des sites visités. Mais quand on joint l'utile à l'agréable, l'hospitalité à l'hospitalisation, cette association donne un nouveau goût au tourisme. Il ne s'agit, entre autres, que du tourisme médical qui commence, ces derniers temps, à occuper le devant de la scène. Le tourisme de santé a connu un grand essor en cette dernière décennie. Une tendance «In» pour toute personne en quête de thérapie et de bien-être. Des séjours, peu ordinaires, qui se partagent entre consultations, interventions et convalescence. Si ce phénomène prend de l'ampleur dans certains pays, il n'en est qu'à son stade primaire sur le territoire national. Connu officiellement par ses offres en thalassothérapie et thermalisme, le Maroc offre une palette de soin varié qui répond parfaitement à la demande à cette catégorie de touristes. Et pourtant, ce secteur revêt une forme non organisée. Et pour cause, le tourisme médical souffre toujours du manque d'infrastructure sur le plan national. «Le tourisme médical est un service récent, voire embryonnaire au Maroc. Les voyages médicaux au Maroc restent une initiative personnelle qu'entreprend le patient», précise le docteur Kamal Iraki Houssaini, président de la Société marocaine de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SMCPRE). Chirurgien plasticien de formation, le docteur Iraki Houssaini fait partie des praticiens concernés par ce genre de visite. La chirurgie plastique et esthétique vient à la tête des segments prisés par les nouveaux touristes. Bistouri et scalpel apaisent la souffrance psychique du client et lui offre tout une gamme de soin au moindre prix . «Le client est toujours en quête du tarif alléchant. Que cela soit au Maroc ou ailleurs, les services sollicités sont deux voire trois fois moins chers que dans les pays émetteurs, à titre d'exemple les Etats-Unis ou la France», souligne le docteur Iraki Houssaini qui, tenant compte de l'importance de ce secteur, a choisi en collaboration des membres de la SMCPRE d'ouvrir le débat autour du tourisme médical et la chirurgie esthétique, et ce lors du 14ème Congrès national de la chirurgie esthétique, programmé ces vendredi 5 et samedi 6 mars à Casablanca. En effet, le rapport qualité-prix joue un rôle prépondérant dans la promotion de ce nouveau service. De même, la proximité est un facteur non négligeable. Selon le docteur Iraki Houssaini, la plupart des patients qui adhérent à cet aspect du tourisme sont issus de la France et de l'Espagne. Précisant que ce flux connaît, en particulier, une dominance féminine. Outre la proximité, les professionnels constatent que la langue parlée encourage, également, l'extension du tourisme médical. Toutefois la question qui se pose est de savoir combien reçoit le Maroc de «patients-touristes» ? «Nous ne disposons d'aucune statistique fixe situant le nombre de personnes qui affluent au Royaume pour ce genre de prestation. On peut dire qu'approximativement le Maroc accueille près de 1000 patients par an à travers ce secteur», constate le chirurgien plasticien. Si le tourisme médical au Maroc n'attire que 1.000 personnes annuellement, en Tunisie, il draine cent fois le double. Ils sont environ 250.000 touristes étrangers à choisir la Tunisie comme destination dont la majorité sont des Libyens, Algériens et Sud-Africains. En Tunisie, le tourisme médical est un créneau porteur. Il contribue massivement au développement de l'économie nationale. Cet essor est justifié, selon les praticiens marocains, par l'exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur ces prestations. Chose qui n'est pas encore prise en vigueur au Maroc. La Tunisie est dotée de grandes unités hospitalières inscrites dans cette optique de tourisme médical. De même, le pays connaît une floraison de «tour-opérateurs» spécialisés dans le domaine. Des packages combinant entre soin et séjour sont mis en ligne sur différents sites Internet offrant plus d'accessibilité aux intéressés. Une pratique intelligente qui permet de promouvoir ce tourisme au-delà des frontières. Cependant, les praticiens marocains refusent ces forfaits. Selon le docteur Iraki Houssaini, les professionnels s'obstinent à ne pas s'inscrire dans cette démarche commerciale car tout simplement l'éthique est leur cheval de bataille.