Le ténor Abdellah Lasri, élève du Conservatoire national supérieur de la musique de Paris, vient de terminer ses études en obtenant le premier prix de chant (ténor) avec une mention «très bien» donnée à l'unanimité et avec les félicitations du jury. Abdellah Lasri est le premier Marocain de sa promotion à avoir eu cette mention depuis la création du Conservatoire de la musique de Paris. «Pour moi ce prix a été un grand défi», confie à ALM cet artiste dont le tempérament retient immédiatement l'attention. À son plus jeune âge, il a commencé à s'intéresser de plus en plus à la musique classique. «J'ai été influencé par mon oncle Aziz, professeur de solfège et violoncelliste dans l'orchestre royal, ainsi que par mon oncle Khalid que j'accompagnais et qui chantait dans les fêtes de mariages», souligne ce jeune ténor dont le père, un modeste fonctionnaire habitant l'ancienne médina de Rabat. Enfant, Abdellah Lasri n'avait pas assez de moyens pour poursuivre des cours de musique. «Les conditions matérielle et sociale ne permettaient pas à mes parents de payer mes frais d'inscription au Conservatoire, les tickets de bus et d'acheter un instrument de musique… », explique-t-il. À l'âge de 11 ans, Abdellah Lasri a reçu un magnétophone offert par ses parents pour enregistrer des émissions de radio. «Grâce à ce magnétophone, j'ai enregistré le quatuor de Debussy, une œuvre que j'apprécie beaucoup. Il y a un mélange d'instrument de musique comme le violoncelle l'alto et les violons qui crééent un style nouveau de musique». Son appétit et son amour pour la musique classique s'agrandissaient jour après jour. Hélas ! Le petit ténor ne trouvait pas dans le marché la musique qu'il cherchait. «Il n'y avait presque rien!! Il y avait les sonates de Beethoven, et des extraits des œuvres de Mozart… Heureusement: c'était des versions absolument splendides», indique M. Lasri. Plus tard, M. Lasri commence à jouer de la guitare et à étudier quelques bases de solfège. En 2002, il commence à prendre des cours privés de musique chez le professeur Louis Péraudin. Abdellah Lasri débute alors sa carrière de chanteur dans plusieurs chorales notamment la chorale de Rabat, dirigée par son professeur. Après trois ans, il devient soliste. À partir de cette période, il dirige la chorale du Conservatoire national de Rabat. Son ambition est d'aller jusqu'au bout de ses études ce qui lui a permis d'obtenir une bourse octroyée par le gouvernement français. Alors il commence ses études musicales au conservatoire de Bourgoin-Jallieu en Isére où il reçoit le diplôme d'études musicales. Son enthousiasme et sa volonté de réussir lui permettent d'accéder au prestigieux Conservatoire national supérieur de musique de Paris et plus précisément à la classe de Glenn Chambers. «Il existe seulement deux conservatoires supérieurs de musique en France, un à Paris et l'autre à Lyon», dit-il. Pendant cinq ans, Abdellah Lasri a participé à plusieurs masters classe C aux côtés de grands ténors et professeurs de conservatoire. Actuellement Abdellah Lasri chante dans les opéras, des concerts et récitals au Maroc et dans plusieurs pays du monde. Vers la fin de ce mois de juillet, il se produira dans les Alpes avec une œuvre intitulée «Petite messe solennelle» de Rossini et il terminera sa saison en participant à un récital d'opéra avec un petit orchestre de chambre. L'année prochaine, il interprétera le rôle de Prosper dans «La vie parisienne» de Offenbach, une production de l'Opéra national de Nancy.