L'armée d'occupation israélienne a poursuivi lundi ses opérations dans les territoires palestiniens et décidé de renforcer l'isolement du président Yasser Arafat, bloqué par l'armée dans son quartier général de Ramallah. Dans le sud de la bande de Ghaza, un enfant palestinien de dix ans a été tué par des tirs israéliens à Rafah, selon des sources hospitalières. «J'attends de l'armée qu'elle prenne toutes les mesures pour que l'isolement d'Arafat soit total, mais nous n'avons pas l'intention de l'humilier» ni de porter atteinte à sa personne, a déclaré Binyamin Ben Eliezer, le ministre israélien de la Défense. Selon le porte-parole de l'armée d'occupation, le renforcement du siège imposé depuis quatre jours au président Arafat est destiné notamment à l'empêcher de communiquer par téléphone avec des responsables de la branche armée de son mouvement, le Fatah. Il est permis d'en douter. L'isolement d'Abou Ammar (Yasser Arafat) est rompu depuis dimanche par la présence de 35 militants pacifistes, pour la plupart français, qui ont passé la nuit dans le QG assiégé, formant « un bouclier humain». José Bové, le militant anti-mondialisation français et dix autres personnes arrêtées dimanche à Ramallah se trouvaient lundi les pieds entravés, à Al-Qods, dans l'attente de leur expulsion du pays, a affirmé un témoin. parallèlement à l'offensive d'envergure menée à Ramallah, l'armée israélienne a multiplié et intensifié ses opérations militaires en Cisjordanie. Israël a subi dimanche deux nouveaux attentats suicide palestiniens: l'un à Haïfa qui a fait 16 morts, outre son auteur, et l'autre dans une colonie de Cisjordanie qui a blessé sept israéliens et tué son auteur. L'armée d'occupation est ainsi entrée dimanche soir avec une soixantaine de blindés dans la localité de Kalkiliya, dans le nord de la Cisjordanie, selon des sources sécuritaires palestiniennes. D'autre part, elle a concentré dans la nuit des forces autour de la ville de Beit Lahm. Un porte-parole de l'armée a indiqué que l'armée avait renforcé l'encerclement de la ville autonome de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Au nord d'Al-Qods, des affrontements ont éclaté entre des Palestiniens et des soldats israéliens après que des chars israéliens eurent tenté de pénétrer dans le camp de réfugiés de Kalandiya, selon des témoins. Lors d'une courte allocution dimanche soir à la nation, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a déclaré que son pays était «en guerre pour sa patrie». Sharon a informé l'émissaire américain Anthony Zinni de la détermination de son gouvernement à poursuivre ses opérations en dépit de la résolution 1402 du conseil de sécurité des nations unies, qui « appelle au retrait des troupes israéliennes des villes palestiniennes». En réaction à la folie meurtrière des Israéliens, les manifestations anti-israéliennes et anti-américaines se sont multipliées dans le monde arabe. Les exactions commises par l'armée d'occupation a soulevé l'indignation des populations, notamment en Jordanie, en Egypte, en Libye, où le dirigeant Mouammar Kadhafi a pris la tête de la manifestation, et au Liban, qui expriment depuis deux jours leur colère à travers des manifestations de plus en plus massives. Au Caire une manifestation rassemblant plus de 20.000 personnes à l'université, a tourné à l'affrontement avec la police. Des incidents ont également eu lieu à Amman qui a connu une grève de soutien aux Palestiniens suivies par des centaines de milliers de Jordaniens. Pour sa part, le président libanais Emile Lahoud a dénoncé lundi, en sa qualité de président en exercice du sommet arabe, le «silence international» ainsi que la position américaine qui «place sur un même plan l'occupant» israélien et le «résistant» palestinien. Un silence qui risque d'encourager Sharon à poursuivre sa politique