Au lendemain du double attentat-suicide de Jérusalem-est, un Palestinien s'est fait exploser lundi au passage d'une patrouille israélienne dans la Bande de Ghaza. Comme la Cisjordanie, le secteur est bouclé depuis dimanche. Un kamikaze palestinien circulant à vélo s'est fait exploser lundi alors qu'il passait près d'une patrouille de l'armée israélienne dans la bande de Ghaza, blessant légèrement trois soldats. Cette attaque est survenue près de la colonie juive de Kfar Darom. Dans un appel téléphonique à Reuters à Ghaza, le Hamas a revendiqué cet attentat tout comme les trois autres survenus le week-end dernier. « Nous brûlerons la terre sous les pieds des occupants sionistes » a averti dès dimanche la branche armée du mouvement, les Brigades Ezzedine al Qassam. « Ces opérations glorieuses sont la riposte à l'assassinat d'Ibrahim Al-Makadmeh », un responsable du Hamas tué le 8 mars lors d'un raid sur Ghaza, indiquait le communiqué. Les trois kamikazes qui ont entraîné la mort de neuf Israéliens entre samedi et dimanche, étaient originaires de Hébron, au sud de la Cisjordanie. Ce secteur a été totalement bouclé dimanche, tout comme la Bande de Ghaza, par l'armée israélienne qui y a poursuivi ses opérations malgré l'appel à la retenue de plusieurs dirigeants de la communauté internationale. Les soldats ont notamment démoli dans la matinée la maison familiale du kamikaze de Hébron, Fouad Kawasmi qui a tué deux colons samedi soir. L'armée a également arrêté le père de Moujahid-al Jaabari, le kamikaze du bus de Jérusalem-est dimanche (sept morts), et certains de ses frères. Un Palestinien de 13 ans a par ailleurs été abattu dimanche soir par des tirs de soldats israéliens à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza. Khaled Nasser a été atteint par un tir de mitrailleuse alors qu'il se trouvait parmi des jeunes qui jetaient des pierres sur les soldats israéliens. Quinze autres Palestiniens ont été blessés au cours de cet affrontement. Ce regain de violences a nettement remis en cause le fragile processus de paix qui venait à peine de voir le jour. Une « feuille de route » sur laquelle I'Etat hébreu refuse toujours de discuter tant que les Palestiniens n'auront pas mis fin au « terrorisme» et tant que le Premier ministre israélien n'aura pas rencontrer le président américain. Cet entretien devait avoir lieu aujourd'hui mais il a été reporté. Ariel Sharon a, malgré tout, affirmé dimanche soir sa volonté de parvenir à la paix. « Le Premier ministre est déterminé à faire des progrès et si possible à obtenir le calme, la sécurité et une paix authentique et tout ce qui en découle. Il poursuivra ses efforts pour parvenir à un règlement porteur d'espoir qui amènera le calme et la paix à nos deux peuples », selon le texte publié par la présidence du Conseil. M. Sharon n'avait, pourtant, pas lors de sa première rencontre samedi soir avec son homologue palestinien Mahmoud Abbas, fait aucun geste concret en faveur du règlement du conflit. Au contraire, il continue de rejeter plusieurs des mesures prévues par le plan de paix, notamment le retrait de l'armée israélienne des territoires palestiniens et le gel de la colonisation. Il a également refusé de garantir la liberté de mouvement de Yasser Arafat, comme le réclame M. Abbas depuis sa prise de fonction. Isolé depuis décembre 2001 dans son QG de Ramallah, le président de l'Autorité serait au contraire menacé. Son ministre des Affaires étrangères Nabil Chaath a appelé lundi la communauté internationale à le « protéger ». « Il y a de graves menaces contre le président Arafat, Israël parle de nouveau des éventualités d'envahir son quartier général », a-t-il déclaré depuis le Caire, où il a entamé lundi une visite officielle. M. Chaath réagissait ainsi aux propos du porte-parole du cabinet Sharon, Raanan Gissin. Celui-ci avait évoqué dimanche l'éventualité du départ de M. Arafat hors des territoires palestiniens, l'accusant d'avoir « tracé la voie du sang et du terrorisme ».