L'intensification des opérations sanglantes de l'armée d'occupation interviennent alors que Sharon a décidé de lever les «entraves» au mouvement en Cisjordanie et à Ghazza de M. Arafat, confiné depuis le 3 décembre à Ramallah. Israël n'a pas mentionné la possibilité pour le président palestinien de se rendre à l'étranger, laissant entendre que cette restriction restait en vigueur. L'Autorité palestinienne a jugé « insuffisante et impertinente » cette décision. Or, le sommet arabe doit se tenir les 27 et 28 mars courant à Beyrouth… Pour le secrétaire général du gouvernement, Ahmad Abderrahmane, «le plus important est de lever le siège imposé au peuple palestinien et d'arrêter la sale guerre» contre lui. Parallèlement, l'Autorité palestinienne a appelé mardi le conseil de sécurité de l'ONU à envoyer immédiatement des observateurs internationaux. L'Autorité rend le gouvernement israélien responsable de cette dangereuse escalade et de la détérioration de la situation. Après l'invasion de Ramallah et les massacres de Jabaliya, le proche conseiller du président Yasser Arafat, Nabil Abou Roudeina est formel : «le Conseil de sécurité doit adopter des résolutions et prendre des mesures urgentes pour l'envoi d'observateurs internationaux dans les territoires palestiniens afin d'arrêter ces massacres». Et d'affirmer que «l'invasion de Ramallah mardi matin et les massacres commis dans la nuit à Jabaliya sont une preuve de l'obstination du gouvernement du Premier ministre israélien Ariel Sharon à détruire toutes les chances pour sauver la situation». L'armée d'occupation israélienne a en effet effectué une incursion de large envergure dans la nuit de lundi à mardi dans la région et le camps de réfugiés de Jabaliya (nord de Ghazza) et a réoccupé de façon presque totale la ville autonome de Ramallah, en Cisjordanie, faisant au total 21 morts. Cela alors que le Conseil de sécurité des Nations Unies devait tenir mardi une réunion publique sur la situation au Proche-Orient. L'armée israélienne a occupé mardi matin la localité de Wadi Al-Salqa, dans le centre de la bande de Ghaza, et fait prisonniers une centaine de Palestiniens, regroupant les hommes sur une grande place près d'une mosquée, dans le centre de la localité. Les militaires israéliens ont ordonné par haut-parleurs à tous les hommes âgés de 16 à 60 ans de se livrer. Des soldats ont attaché les mains et bandé les yeux aux Palestiniens qu'ils détenaient alors que d'autres fouillaient des maisons. Wadi Al-Salqa se trouve à l'Est de la ville de Deir Al-Balah, dans la région où l'armée israélienne a attaqué dans la nuit par mer, air et terre des positions des forces de sécurité, dont elle a tué un membre. De son côté, Saëb Erakat, un haut responsable palestinien, a accusé le gouvernement israélien d'être responsable d'un «bain de sang» après l'incursion de près de soixante-dix chars dans la région de Jabaliya où de violents heurts ont opposé des soldats aux policiers et à des membres de la résistance palestinienne, qui ont opposés une forte résistance. L'intensité des tirs avait empêché les ambulanciers d'évacuer les blessés, selon des sources palestiniennes. En Cisjordanie, des hélicoptères israéliens ont bombardé des objectifs dans le camp de réfugiés d'Al-Amhari près de Ramallah, sans faire de blessé, et des chars se sont massés près des accès du camp. Dans le même temps, une colonne de chars est entrée en secteur autonome à la hauteur de Beitounia, également près de Ramallah. Pour Leïla Shahid, la déléguée de l'Autorité palestinienne à Paris, la liberté de mouvement accordée lundi par les autorités israéliennes à Yasser Arafat est «vraiment une manœuvre. «L'armée israélienne ne peut pas avoir effectué une offensive sur la quasi-totalité de Ghazza et de la Cisjordanie dans la même nuit et ne pas avoir préparé cela à l'avance. Donc, quand Ariel Sharon a dit lundi qu'il acceptait de laisser le président Arafat sortir dans la ville de Ramallah c'était une manœuvre pour faire diversion sur son offensive militaire», a-t-elle déclaré à la radio française privée «Europe1».