La guerre est déclarée entre le patron de Vivendi et la direction de Canal+. Messier donne deux ans à la chaîne cryptée pour redresser sa situation financière. Canal+, la filiale de Vivendi Universal, s'apprête à vivre une des années les plus difficiles de son histoire. Pour faire face à la pression des marchés, le PDG de Vivendi affiche sa volonté de redresser rapidement la situation financière de Canal+. Aujourd'hui, on parle d'une guerre de tension entre les deux directions. Tout a commencé le vendredi 8 mars, quand M. Messier a accordé un entretien au quotidien La Tribune à l'issue de la diffusion des derniers résultats de Vivendi Universal. Le patron a donné deux ans à la direction de Canal + pour redresser la société. La réaction de la chaîne cryptée ne s'est pas fait attendre. Le mercredi 13 mars, plus d'une vingtaine de dirigeants de la chaîne cryptée a rédigé un plaidoyer destiné à tous les salariés de Canal+ à travers un courrier électronique où l'on peut lire : «En 1996, avec le soutien actif de notre actionnaire de référence Vivendi, nous avons choisi d'acquérir Telepiù, chaîne à péage italienne, principal centre de pertes de Canal+. Il était possible de vendre l'Italie. Cela n'a pas été le choix stratégique fait avec Vivendi». Les termes du document ne font pas dans la nuance. «Pendant des années, le résultat net de Vivendi a été gonflé par les bénéfices de Canal+. Il ne va pas nous embêter avec cet ultimatum de deux ans». «Messier est coresponsable des problèmes». «Pendant quinze jours Messier et Lescure ne se sont plus adressé la parole». A Deauville (du 19 au 21 mars), M. Messier s'est adressé aux cadres de Vivendi Universal sans pourtant calmer les esprits. Pour lui, l'incident est clos et d'ajouter que les Guignols ne doivent pas faire de provocation visant Vivendi Universal. Selon plusieurs observateurs, l'échéance de deux ans accordée par M. Messier est difficile à honorer par la direction de Canal+. Elle ne peut redresser la situation que dans une période de quatre ans dans la mesure où les principaux contrats de retransmission de sports arrivent à échéance dans 4 à 5 ans, stipule le plaidoyer de la chaîne cryptée.